Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du jeudi 13 janvier 2022 à 9h00
Blocage des prix — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon, rapporteur suppléant :

–, Robespierre ayant dit : peu m'importe d'aller acheter tout de suite des étoffes brillantes si elles sont coûteuses, en revanche c'est tout de suite que je dois acheter mon pain.

Il n'est pas vrai qu'il y ait une instantanéité de la loi de l'offre et de la demande pour les produits qui concernent la survie : l'un ne peut reporter le moment où il les consomme quand l'autre peut stocker et attendre les bons prix. Je ne crois pas que le marché puisse être réellement un régulateur de la production en toutes circonstances. Le marché seul, c'est le chaos : il est la cause des pénuries actuelles et de l'inflation. La recherche des plus bas prix de production a conduit à allonger toujours plus les chaînes d'interdépendance, si bien qu'on récolte le bois à un endroit, qu'on le traite à un autre et qu'on l'assemble à un troisième pour en faire des meubles. Ces chaînes ont été tellement étendues que la pandémie a pu les couper, empêchant la circulation des matières premières et des produits finis. Leur rupture est la première cause de l'inflation que l'on constate aujourd'hui pour le bois, le fer et les matériaux de construction.

L'inflation tient aussi à l'abondance du signe monétaire. Vous n'allez pas me dire que c'est à cause de la rupture des chaînes d'approvisionnement que les États-Unis d'Amérique connaissent une augmentation de 4,2 points de l'inflation. C'est tout simplement parce qu'ils ont mis en circulation une masse monétaire d'un montant colossal qui ne rencontre aucune marchandise en particulier. En France, l'inflation ne s'explique pas par les variations du prix du travail puisqu'il n'a pas augmenté. Ses causes tiennent à la circulation et à la production des marchandises. Comment pouvez-vous ne pas le voir ?

Pourquoi ne comprenez-vous pas que le blocage des prix que nous proposons vise à contenir un phénomène qui met la force de travail, pour parler en termes purement économiques, dans un pétrin incroyable, à faciliter la vie des gens en leur donnant un peu de marge monétaire et donc à alimenter le facteur numéro un de la croissance dans notre pays, la consommation populaire ? Ce ne sont rien d'autre que des données économiques !

Assumez que nous ayons un débat sur ce point, mais ne venez pas mettre en avant, de manière abstraite, l'économie de marché en prétendant qu'elle serait mise en cause par ma proposition. Bien sûr qu'elle est mise en cause, mais pas par ma proposition. Quand Emmanuel Macron décide de bloquer le prix des gels hydroalcooliques, ce n'est pas parce qu'il veut combattre l'économie de marché, qui est plutôt son truc, mais parce que nous nous trouvons dans une situation exceptionnelle. Voilà pourquoi nous faisons une telle proposition, collègues.

Vous abusez en nous jetant à la figure les pénuries qui pourraient avoir lieu. Mais la pénurie de logements, ce n'est pas nous qui l'avons provoquée, c'est vous ! La pénurie de biens de consommation, ce n'est pas nous, c'est vous !

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