Je vous le répète : il s'agit d'une mesure à prendre de manière urgente face à la situation dans laquelle se trouvent placés des centaines, des milliers, des millions de nos compatriotes. Voyez-vous, je ne sais pas comment ce pays tient en ce moment. Le prix du carburant est supérieur au niveau qu'il avait atteint au début de la crise des gilets jaunes. Il faut bien se rendre compte d'une chose : étant donné la manière toujours plus concentrée dont est organisé notre territoire, le besoin numéro un de tous ceux qui vivent dans les zones périurbaines est de pouvoir se déplacer, non par plaisir, mais parce que tous les services dont ils ont besoin pour produire et reproduire leur existence matérielle sont follement éparpillés, si bien qu'il leur faut parcourir 5 à 10 kilomètres chaque fois qu'ils veulent y accéder.
Bloquer le prix des carburants ne ruinerait personne. Je précise que notre proposition ne prévoit pas la vente à perte. Croyez-moi, TotalEnergies qui a fait 73 milliards de bénéfices – 73 millions, plutôt, j'exagère peut-être, je vois les experts s'agiter derrière le banc du Gouvernement –, disons de confortables bénéfices, ne serait pas malheureux si nous appliquions cette mesure. Au demeurant, si vous faisiez preuve de quelque ardeur devant l'urgence de la situation, vous pourriez mobiliser le stock stratégique et vendre du carburant dans certaines zones à un prix permettant aux gens de se déplacer. La réponse qui consiste à dire que le Gouvernement a fait tout ce qu'il fallait jusqu'à présent et qu'il continuera à agir ainsi n'est pas à la hauteur !
Notre proposition de loi n'est justifiée que par l'urgence et elle n'a de sens que dans l'urgence. Il est évident qu'à plus long terme, un mécanisme de blocage des prix permanent ne pourrait être efficace, nous en sommes parfaitement conscients. Ce n'est d'ailleurs pas ce que nous proposons dans ce texte.