J'avais prévu un argumentaire que les interventions précédentes m'amènent à modifier.
Vous proposez de créer un établissement public de commercialisation du cannabis, c'est-à-dire un service public du cannabis ; c'est respectable, et il est bon que certains pensent comme cela. Néanmoins, vous justifiez cette proposition par le fait qu'elle permettrait de mener une politique publique de prévention. En fait, il serait interdit d'interdire, et, puisqu'on ne veut pas interdire, il vaudrait mieux accompagner les gens pour les convaincre de ne pas utiliser le produit. J'avoue que le raisonnement me surprend et me renvoie à des années très lointaines – j'avais deux ans.
Regardons de plus près les exemples évoqués. Que mon collègue se rassure, je vais toujours en Suisse et en Allemagne. En revanche, quand les magistrats d'Interpol me parlent de la situation des Pays-Bas, cela m'inquiète. Le service public du cannabis y a fait faillite et, bien entendu, ceux qui ont perdu leur marché, c'est-à-dire les trafiquants du marché noir, ont augmenté le taux de THC. En Espagne, dont personne ne parle alors que la légalisation du cannabis y est antérieure, tout le monde s'inquiète. Oui, monsieur Coquerel, tout le monde s'inquiète, car la légalisation de la consommation fait que les jeunes, en pleine construction de leur personnalité, ne franchissent plus la limite de l'interdit avec le cannabis, mais avec des produits bien plus forts.
Je remercie le groupe de La France insoumise d'avoir mis ce débat à l'ordre du jour. Mais, puisqu'il faut tout se dire, les trafiquants de cannabis ne vendent pas que du cannabis, ils trafiquent aussi autre chose.