Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du jeudi 13 janvier 2022 à 21h30
Légalisation du cannabis sous le contrôle de l'État — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel, rapporteur de la commission des affaires sociales :

Je m'oppose évidemment à ces amendements de suppression.

Je profite d'avoir la parole pour remercier les cosignataires de ce texte, car je ne suis pas sûr qu'ils auront l'occasion de s'exprimer. Outre mes camarades et collègues de la France insoumise, il s'agit de Caroline Janvier, Hubert Julien-Laferrière, François-Michel Lambert, Jean-Baptiste Moreau, Matthieu Orphelin, Michèle Victory, Aurélien Taché et Ludovic Mendes. On compte parmi eux plusieurs membres de la majorité qui – ce n'est pas un hasard – ont fait partie de la mission d'information sur la réglementation et l'impact des différents usages du cannabis.

Pourquoi dis-je que ce n'est pas un hasard ? Parce que l'on remarque chaque fois le même phénomène : toutes les personnes – jusqu'à certains Républicains, comme Robin Reda, qui n'ont pas voulu cosigner cette proposition de loi de La France insoumise – qui commencent à travailler sérieusement sur le sujet, sans œillères, et auditionnent des spécialistes finissent par se prononcer en faveur de la légalisation. Elles arrivent chaque fois à la même conclusion : c'est la seule politique possible, pour toutes les raisons qui ont été énoncées. Je remercie également les administrateurs qui nous ont aidés dans ce travail.

Il fallait bien que quelqu'un relance la polémique en égrenant les contre-vérités que l'on a malheureusement l'habitude d'entendre dans ce débat : c'est mon collègue Jolivet qui s'y est prêté, avec pugnacité et « talent », mais les études qu'il a citées sont fausses.

Il y a un fait réel, c'est que pas un seul pays qui s'est engagé dans la voie d'une légalisation sous contrôle de l'État n'est revenu en arrière. Au contraire, l'Allemagne et la Suisse vont bientôt suivre. Mme Dreifuss, ancienne présidente de la Confédération helvétique, aujourd'hui présidente de la commission globale de politique en matière de drogues (GCDP – Global Commission on Drug Policy ), qui travaille sur la question à l'échelle mondiale, nous disait que la Suisse avait, au départ, emprunté une voie plutôt libérale – j'ai dit que nous n'étions pas pour –, mais que le pays avait interrompu l'expérience et préparait désormais une loi en faveur d'une légalisation sous contrôle de l'État.

Les chiffres que vous citez selon lesquels l'explosion de la consommation ne changerait rien au trafic, monsieur Jolivet, sont faux : si ces pays ne reviennent pas en arrière, c'est qu'ils n'ont aucune nostalgie de la politique antérieure de prohibition, avec les conséquences que l'on connaît dans notre pays.

La question n'est donc pas de savoir si l'on est pour la fermeté ou non, si l'on appuie ou non les forces de police. C'est un tonneau des Danaïdes.

Peut-être divergeons-nous sur ce point, mais nous ne parviendrons pas à éradiquer tous les produits psychoactifs de nos sociétés. Ce n'est pas possible – y compris pour les produits licites. Quelque chose dans la nature de l'homme fait qu'il en consomme. Nous préférons donc réguler, contrôler, réduire cette consommation, pour la rendre toujours moins dangereuse et éviter qu'elle ne crée un trafic qui pourrit la vie des gens, plutôt que de laisser faire en fermant les yeux sur son augmentation et son développement partout.

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