Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du jeudi 13 janvier 2022 à 21h30
Légalisation du cannabis sous le contrôle de l'État — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Même si je sais que nous ne ferons pas le tour du sujet, nous tenons à développer certains arguments. Parce que c'est une question de santé publique, de société et de sécurité, il faut aller au fond des choses. Si l'on peut aller au-delà du discours ambiant et faire en sorte que les arguments fondés, sourcés, qui ont été avancés soient entendus et partagés dans la société, ce sera déjà une avancée.

Cela a été dit et rappelé, cette proposition ne sort pas de l'œuf : un travail a été mené sous cette législature et sous la précédente. Nous disposons de cinquante ans de retours d'expérience des secteurs de la santé, de la justice, de la sécurité sur ce sujet, au niveau national comme international.

J'ai évoqué les membres éminents de la Commission globale de politique en matière de drogues, dont des chefs d'État qui ont mené dans leur pays les politiques contre la drogue les plus dures, les plus violentes, les plus meurtrières et qui ont fait le même constat. Nous ne formulons pas cette proposition au débotté : elle a un caractère pragmatique.

Je ne l'oppose pas à toute position idéologique ; celles-ci peuvent être tout à fait légitimes. En revanche, le dogmatisme de certaines d'entre elles est problématique, car il fait fi de la réalité.

On a beaucoup parlé de la consommation des jeunes, qui est problématique, mais qui n'est pas majoritaire. Nous avons donné les chiffres : 900 000 jeunes sur 5 millions de consommateurs et consommatrices réguliers. Ils ne représentent donc pas la majeure partie des consommateurs.

Si on veut mener une véritable politique de prévention auprès des jeunes, il faut en passer par la légalisation, par une politique globale dotée de moyens. Ce n'est pas ce qui a été fait depuis cinquante ans ; il faut aussi tirer ce bilan-là et en tant que parlementaires, nous sommes là pour le faire.

Nous n'avions pas la possibilité d'intégrer de nombreux articles dans la proposition de loi, mais l'exposé des motifs présente les axes d'une politique globale que nous pourrions mener. Il est dommage qu'elle ne l'ait pas été sous cette législature, mais nous avons l'occasion aujourd'hui de poser une première pierre. Voilà pourquoi il faut rejeter les amendements de suppression et adopter au moins l'article 1er , qui appellera une suite – peut-être une navette parlementaire –, au moins lors de la prochaine législature. Cette question reviendra : autant faire en sorte que ce soit dans les meilleures conditions possibles, pour les personnes concernées et plus globalement pour la société.

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