Intervention de Jean-Baptiste Moreau

Séance en hémicycle du jeudi 13 janvier 2022 à 21h30
Légalisation du cannabis sous le contrôle de l'État — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Baptiste Moreau :

Je voudrais remercier notre collègue Coquerel et le groupe La France insoumise d'avoir inscrit ce débat à notre ordre du jour. En tant que rapporteur général de la mission d'information dont nous avons beaucoup parlé ce soir, dont Caroline Janvier était pour sa part rapporteure thématique, et à titre personnel, je ne peux qu'être défavorable aux amendements de suppression et favorable à la proposition de loi. Il faut arrêter de présenter ceux qui sont favorables à la légalisation du cannabis comme des fumeurs de chichon qui voudraient que tout le monde fume dans la rue, y compris les jeunes.

Nous avons un million de consommateurs quotidiens ; sans doute plus, parce qu'on sait que dans les situations de prohibition, les gens déclarent spontanément moins que ce qu'ils font réellement. Nous avons eu l'exemple de la prohibition de l'alcool dans les années 1930 : cela ne fonctionne pas sur des consommations aussi massives de substances stupéfiantes, cela ne fait que stimuler les trafics. Voilà trente ans qu'on applique les mêmes politiques partout dans le monde : elles ne fonctionnent nulle part. Même là où il y a des peines de prison à vie, des exécutions pour trafic de drogue, la consommation se maintient, voire se développe. Vous pouvez mettre toujours plus de forces de l'ordre…

Je n'avais pas d'avis préconçu avant le démarrage de la mission d'information ; je ne savais pas si j'étais pour ou contre la légalisation. Nous avons écouté des médecins et des représentants des forces de l'ordre. J'ai encore en mémoire le témoignage d'un commissaire de la brigade des stupéfiants : le temps de dissoudre un réseau, expliquait-il, trois autres se forment, se font la guerre, semant le désordre et faisant des morts dans les quartiers, jusqu'à ce que l'un prenne le dessus et remplace celui qui a été dissous. Comme le disait notre collègue Coquerel, ils ont l'impression de vider l'océan à la petite cuillère ou le désert à la fourchette.

Vous pouvez faire ce que vous voulez : une solution qui n'a jamais fonctionné nulle part depuis trente ans ne fonctionnera pas ; il faut changer de logiciel. On voit plusieurs pays, comme l'Allemagne ou les États-Unis au niveau fédéral, changer et aller vers une légalisation. On ne peut pas dire que ce sont des pays sociétalement ultralibéraux, ni très souples en ce qui concerne les règles de vie en société.

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