Je dois dire que je suis parfois affligé par les arguments extrêmement politiciens que j'entends, alors que nous devrions poursuivre le débat de fond qu'appelle ce texte. Vous avez proposé une stratégie, monsieur le secrétaire d'État, et il me semble que nous devrions pouvoir en discuter – moi, en tout cas, j'en discute les principes. Dans une démocratie, il est sain qu'il y ait des désaccords et surtout qu'on puisse les exprimer – c'est pourquoi, pour ma part, je préfère conserver la hauteur de vue nécessaire.
Le passe vaccinal que vous nous proposez a une vocation punitive, discriminante, qui transparaissait dans la fameuse formule employée par le Président de la République avant d'être assumée par un certain nombre d'orateurs de la majorité, et nous ne partageons pas cette manière de voir les choses. Nous ne croyons pas qu'en imposant cette mesure, vous allez atteindre les objectifs sanitaires que vous dites poursuivre. Vous campez sur vos positions avec fierté et en adoptant même une posture bravache, mais vous devriez reconnaître que, si vous en êtes arrivés là, c'est par suite d'un échec, celui de la stratégie précédente dans laquelle vous continuez à vous enfermer.
Dans le recours à la contrainte, à la qualification d'atteinte à l'ordre public, il n'y a pas de quoi vous réjouir et bomber le torse. Les difficultés que rencontre la campagne de vaccination doivent être prises au sérieux : ce n'est pas ce dont témoigne votre réaction. Combien de temps, dans quelles conditions le passe sera-t-il imposé ? Vous n'en dites rien, et le texte ne prévoit aucune possibilité réelle de contrôle. Nous restons donc opposés à cette stratégie.