Intervention de Stéphanie Rist

Séance en hémicycle du jeudi 20 janvier 2022 à 9h00
Urgence contre la désertification médicale — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphanie Rist :

L'article 2 de votre proposition de loi crée une obligation exceptionnelle de présence pour les jeunes médecins en zones sous-dotées pendant leur dernière année d'internat et les deux années suivantes. Mais les internes en médecine ne sont pas des professionnels de santé, ce sont des professionnels en formation, dont l'exercice nécessite un appui pédagogique, en lien avec une structure académique. Les spécialités de leur choix ne sont pas disponibles partout. Obliger nos internes à exercer à un endroit déterminé, c'est les contraindre à ne pas suivre la formation dont ils ont besoin, parfois impossible à recevoir dans des zones sous-denses, là où, en plus, l'exercice est le plus difficile car éloigné des spécialistes et des plateaux techniques. Cela entraînerait inéluctablement leur désaffection pour ces zones où pourtant nous en avons tant besoin.

D'après les dernières données de la DREES, les zones sous-dotées ont en moyenne 1,07 médecin pour 100 000 habitants, contre 1,55 médecin pour 100 000 habitants en zone surdotée, soit une différence de seulement 0,5 médecin. Cela montre bien que cette mesure n'améliorerait pas la répartition locale, le problème étant le manque global de médecins en France, et les patients devraient subir la contrainte financière du déconventionnement. Je m'étonne d'ailleurs que vous la proposiez.

Enfin, les dispositifs qui nous sont soumis auraient pour résultat de diminuer le nombre de candidats à l'exercice libéral, engendrant une fuite des futurs médecins vers l'exercice hospitalier, vers l'industrie pharmaceutique ou à l'étranger.

Nous devons au contraire encourager les jeunes étudiants à s'orienter vers la spécialité de médecine générale dont nous avons besoin et qui sera indispensable dans les années qui viennent face au mur du vieillissement de la population. Nous devons aussi poursuivre la transformation du système de santé que nous menons depuis cinq ans : l'augmentation du nombre d'étudiants en médecine permise par la fin du numerus clausus, et les mesures qui libèrent du temps médical. Je pense aux assistants médicaux qui aident les médecins dans leurs tâches administratives,…

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