Nous y voilà. J'ai souvent dit que le temps de l'enfant n'était pas celui de l'adulte ; j'ai dit aussi que nous marchions tous, nous, adultes, dans les pas de notre enfance. Cette pensée m'a toujours accompagnée. Elle doit permettre de dépasser les clivages et les résistances, afin de donner lieu à de réelles avancées profitant aux enfants les plus fragiles, en particulier ceux qui sont concernés par la protection de l'enfance.
Parmi les politiques sociales de la nation, la protection de l'enfance tient une place toute particulière : ayant vocation à repérer et à protéger les plus fragiles, elle mobilise une pluralité d'acteurs, dont l'État et les départements, pour compenser les défaillances de cadres familiaux ou les accidents de la vie qui laissent certains enfants sans protection. Quelque 350 000 enfants sont accompagnés et, à l'échelle nationale, les départements engagent en la matière un budget de 9 milliards d'euros. Ces politiques symbolisent mieux que toute autre la mobilisation de la nation, de la collectivité, des collectivités, pour garantir à ceux qui en ont le plus besoin – les enfants – la sécurité et le respect de leurs besoins fondamentaux. Nous devons avoir pour seule boussole l'intérêt supérieur de l'enfant.
C'est ce qui nous a amenés à échanger, par-delà la pluralité de nos points de vue, tant à l'Assemblée qu'au Sénat, pour affronter ces questions. Ce faisant, nous n'avons pas omis de considérer les problèmes liés à la décentralisation et à la répartition des compétences, avec pour seule boussole – j'y insiste – l'intérêt de l'enfant. En effet, moi qui ai eu la chance d'être chargée de la protection de l'enfance pendant dix ans à l'échelle d'un département, je peux vous l'affirmer – et je ne cesserai de le faire et monsieur le secrétaire d'État le sait, puisque je le lui ai déjà dit –, parmi les dispositions que nous votons, à l'Assemblée, et qui concernent les départements en matière d'éducation nationale, de santé et de justice, nombreuses sont celles qui dépendent de l'État !