Je cherche du regard, dans les tribunes, les élèves du lycée La Vidaude de Saint-Genis-Laval, qui visitent aujourd'hui l'Assemblée nationale.
Je suis en tout cas très heureux de vous retrouver pour débattre d'un secteur industriel et technologique très important au pays de Saint-Exupéry, à savoir l'aéronautique. Comme cela a déjà été souligné à plusieurs reprises, il fait face à de nombreux défis, à la fois économiques et technologiques, qui mettent en jeu notre souveraineté nationale.
Vous le savez, au cœur de la souveraineté française se trouve la dissuasion nucléaire, dont une composante essentielle, aux côtés de la composante océanique, est la dissuasion aéroportée, assurée par les forces aériennes stratégiques (FAS). Il s'agit d'ailleurs de la seule composante visible de la dissuasion nucléaire. Sa crédibilité est donc absolument fondamentale.
La maîtrise de l'espace aérien l'est tout autant, qu'il s'agisse de défendre notre territoire national ou de conduire des opérations. Dès lors que les armements utilisés dans le monde sont de plus en plus sophistiqués – dans les airs comme en matière de défense antiaérienne –, il est indispensable que nous conservions notre capacité à intervenir en tous lieux. Nous devrons donc être particulièrement vigilants s'agissant du système de combat aérien du futur (SCAF), le successeur du Rafale développé en lien avec nos partenaires allemands, qui assurera la protection de la France et de ses intérêts jusqu'en 2070.
Le secteur aéronautique constitue enfin un enjeu de souveraineté parce que, dans un pays comme la France, qui dispose de territoires aux quatre coins du monde et possède même le deuxième espace maritime mondial, l'avion est le seul moyen de relier rapidement la métropole aux territoires d'outre-mer, pour les usages civils comme militaires.
La vitalité du secteur aéronautique irrigue aussi notre économie. Comme le soulignent dans leur rapport nos collègues Jean-Luc Lagleize et Sylvia Pinel, la filière aérospatiale représentait 7 % des emplois salariés industriels français en fin d'année 2020, soit environ 1 million d'emplois sur l'ensemble du territoire. Tous ces emplois et ces entreprises, directement ou indirectement liés à l'aéronautique, font de cette industrie un véritable poumon économique, notamment dans le Sud-Ouest, mais, plus largement, partout dans le pays.
Chacun le sait, le secteur a été violemment percuté par la crise sanitaire, les compagnies aériennes ayant brusquement diminué leurs commandes du fait d'une baisse inédite de la fréquentation, laquelle ne retrouvera son niveau d'avant crise qu'en 2024 au plus tôt. Nous saluons donc le soutien massif apporté par le Gouvernement durant la crise à travers des aides d'ampleur.
En juin 2020, alors que le Gouvernement présentait son plan de soutien à l'aéronautique, la ministre des armées, Florence Parly, déclarait : « Il n'y a pas l'équipe civile dans un coin et l'équipe militaire dans l'autre. Il n'y a qu'une seule équipe sur le pont : l'équipe France. » Résultat : Dassault Aviation, à la faveur d'un exceptionnel retournement de situation, annonçait successivement la conclusion de quatre contrats en 2021 : avec la Grèce pour dix-huit appareils, soit 2,5 milliards d'euros ; avec l'Égypte pour trente appareils, soit près de 4 milliards d'euros ; avec la Croatie pour douze appareils d'occasion, soit 1 milliard ; enfin le contrat du siècle passé avec les Émirats arabes unis, pour quatre-vingts appareils, soit 16 milliards d'euros – du jamais vu en France ! Ces contrats bénéficieront aux grands groupes de l'aéronautique, militaires comme civils, ainsi qu'aux 400 ETI et PME de l'industrie de défense impliquées dans la construction du Rafale. D'autres marchés sont par ailleurs en cours de négociation.
Enfin, la vitalité du secteur aéronautique conditionne notre influence et notre rayonnement à travers le monde. Le tourisme représente par exemple 7 % du PIB français. Si Air France-KLM semble pour l'heure se trouver dans l'œil du cyclone, ses résultats seraient même légèrement meilleurs que ceux de 2020 à pareille époque.