Quelques tweets de plus et les Marcheurs nous expliqueront pourquoi « la propriété, c'est le vol », en citant du Proudhon. Décidément, madame la ministre déléguée, vous êtes nés avant la honte.
Mercredi prochain, la Fondation Abbé Pierre doit sortir son vingt-septième rapport sur l'état du mal-logement. Une chose est sûre : il est accablant pour l'action de ce gouvernement. Car cinq ans après avoir promis que plus une seule personne ne dormirait dehors, d'après le recensement du Collectif Les Morts de la rue, ce sont 2 716 femmes, hommes et enfants qui ont péri dans la solitude, faute de toit.
Cinq ans après avoir prononcé cette phrase, voici votre bilan : 5 euros d'APL – aide personnalisée au logement – en moins, une réforme du logement qui a fait baisser les allocations de 30 % des bénéficiaires de l'aide, un nouveau mode de calcul de l'aide au logement qui pénalise les jeunes. Votre bilan, c'est la baisse des aides aux associations qui s'occupent des personnes en difficulté dans l'accès au logement digne, et c'est la diminution du quota de logements accessibles aux personnes à mobilité réduite, personnes en situation de handicap mais aussi parents avec poussettes et personnes âgées, qui passe de 100 à 10 %.
Votre bilan, ce sont les expulsions locatives qui repartent à la hausse, avec, l'année dernière, 6 600 expulsions sans solution de relogement. Votre bilan, c'est l'augmentation de la TVA sur la construction de logements sociaux, laissant 2,2 millions de ménages demandeurs sur le carreau. Ce sont les finances asséchées des organismes HLM, qui n'ont d'autre choix que de délaisser l'entretien des immeubles et la production de logements neufs. Ainsi, en 2020, on comptait seulement 87 500 logements agréés, pour un objectif initial de 110 000.
Le choc néolibéral est si flagrant qu'il en vient à gêner vos alliés objectifs. C'est ainsi que même l'Institut Montaigne, dans un rapport publié l'année dernière, s'interroge sur l'austérité appliquée au logement social et à l'accession à la propriété.
Pour vous rattraper, vous nous sortez votre blabla technocratique sur MaPrimeRénov', alors même que le reste à charge s'élève à 20 %, si bien qu'aucun foyer pauvre ne peut prétendre à une rénovation thermique complète de son logement. La reine Marie-Antoinette proposait aux Parisiens affamés de manger de la brioche ; la lumineuse millionnaire Agnès Pannier-Runacher pourra conseiller aux Français de mettre un pull en cachemire s'ils ont froid.
Voilà, collègues de la majorité, votre bilan, qui n'a strictement rien à voir avec l'héritage d'un homme et d'une fondation qui luttent contre la pauvreté et l'exclusion.
La vérité, c'est qu'Emmanuel Macron est le président de 4,1 millions de mal-logés et de 15 millions de Français touchés par la crise du logement. Emmanuel Macron est le président des files interminables à l'aide alimentaire. Emmanuel Macron est le président de 300 000 personnes sans domicile, soit un nombre deux fois plus élevé qu'en 2012, dans la cinquième puissance économique mondiale.
Collègues, personne ne s'habitue à vivre à la rue, ou dans un logement surpeuplé, avec des moisissures, des punaises de lit, des cafards, à avoir froid, à développer des maladies respiratoires. Non, on ne s'y habitue pas, on ne s'y habitue jamais, on l'endure, on le subit, on en souffre constamment.
Avec Jean-Luc Mélenchon, dès avril 2022, nous ferons table rase de ces politiques inhumaines. Se loger dignement n'est pas un privilège, c'est un droit humain.
Nous interdirons les expulsions sans solution de relogement. Nous créerons une garantie universelle des loyers pour aboutir à une sécurité sociale du logement. Nous supprimerons la nécessité de garants physiques, qui favorise ceux qui ne se sont donné que le mal de naître.
Parce qu'il n'est pas possible que des propriétaires spéculent alors qu'un tiers de la population a du mal à payer son loyer chaque mois, nous instaurerons l'encadrement obligatoire des loyers, sur tout le territoire, et la baisse dans les grandes villes.
Pour lutter contre les logements insalubres, nous mettrons en place un permis de louer obligatoire pour les propriétaires, car il est criminel que des marchands de sommeil exploitent la misère sociale. Pour ces gens-là, je le dis, ce sera tolérance zéro.
De même, il est urgent de déployer un plan national de lutte contre les punaises de lit, comme nous vous l'avons maintes fois demandé. Elles pourrissent la vie de millions de gens. Avec des associations, nous avons élaboré une proposition de loi en ce sens. Une députée du groupe majoritaire a rédigé un rapport, cela a duré neuf mois, et il arrive aux mêmes conclusions que celles que j'ai formulées et que les associations mettent en avant. Ce plan contre les punaises de lit, nous l'attendons encore. Bien entendu, nous garantirons la gratuité de la prise en charge des personnes les plus précaires.
Nous augmenterons également le nombre de logements sociaux obligatoires dans les communes, en rehaussant le quota de 30 %, et en sanctionnant plus lourdement encore les communes qui ne respectent pas la loi.
Enfin, il s'agira de lutter contre la financiarisation du logement, qui engraisse les plus fortunés. Aussi taxerons-nous les plus grosses transactions immobilières, afin d'abonder un fonds de lutte contre l'habitat indigne.
Voilà, collègues, ce que fera un gouvernement qui aura à cœur de trouver un toit pour chacun. Avoir un logement est un droit, madame la ministre déléguée. La majorité et vous semblez aimer les citations de l'abbé Pierre ; en voici une qui s'adresse à vous : « Gouverner, c'est d'abord loger son peuple. »