Intervention de Thibault Bazin

Séance en hémicycle du lundi 31 janvier 2022 à 16h00
Mal-logement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThibault Bazin :

Pour relever le défi, ses promesses étaient alléchantes : provoquer un choc de l'offre en relançant la construction immobilière ; faire bénéficier les étudiants et les jeunes actifs de 60 000 et 20 000 nouveaux logements respectivement dédiés ; offrir un toit à tous les sans-abri. Cinq ans plus tard, qu'en est-il ? À cause des promesses non tenues, force est de constater que le bilan d'Emmanuel Macron en matière de logement est profondément décevant.

Entre 2017 et 2020, le nombre de permis de construire délivrés annuellement n'aura cessé de diminuer, passant de 497 000 à 381 600. Les mises en chantier, qui sont le plus important, ont suivi la même tendance, passant de 430 000 à 376 000. Des logements collectifs aux maisons individuelles, aucune catégorie n'aura été épargnée par la pénurie. Le choc d'offre n'a pas eu lieu, bien au contraire. C'était déjà le cas avant la crise sanitaire et le renouvellement des conseils municipaux.

Depuis le lancement du plan « logement d'abord » en 2017, le nombre des ménages sans-abri et des sortants d'hébergement accueillis dans le parc social a augmenté régulièrement. Les chiffres de la production d'habitat accompagné sont en deçà des objectifs. Le candidat Macron affirmait : « Pour construire plus de logements abordables, il ne faut pas rendre la construction plus coûteuse et complexe qu'elle ne l'est déjà. » Or entre 2017 et l'été 2021, le coût de l'immobilier neuf et ancien a augmenté de plus de 18,5 % : là encore, c'est un échec.

Les Français doivent consacrer au logement une part de plus en plus importante de leurs revenus. Pourquoi cet échec ? À cause d'une politique chaotique, enlevant toute visibilité et créant un climat d'inquiétude : suppression, en 2017, du dispositif d'aide aux maires bâtisseurs, pour finalement le rétablir sous un autre nom en 2020 ; entre 2018 et 2022, le dispositif du prêt à taux zéro a été prorogé trois fois, mais surtout modifié à deux reprises concernant ses conditions d'accès et considérablement raboté pour 95 % du territoire ; la contemporanéisation des aides et des revenus, annoncée, a finalement été abandonnée ; déjà évoquée, en particulier par Stéphane Peu, la baisse de cinq euros par mois des APL, dès l'été 2017, a eu un effet désastreux, sans compter la diminution des capacités d'investissement des organismes HLM.

Quand on pense que le candidat Macron prétendait poursuivre la production de logements sociaux « au même niveau » que les années précédentes. Là encore, il y a eu une baisse de la production depuis 2018, à la suite des mesures prises par le Gouvernement au début du quinquennat ! Et que dire du rabot du dispositif APL accession, qui permettait pourtant aux ménages modestes d'accéder à la propriété ? Les classes moyennes ont été fortement pénalisées par la politique du logement du Président Macron.

N'oublions pas les décrets modifiés sans cesse – comme ceux relatifs au diagnostic de performance énergétique (DPE) ou à la rénovation –, malmenant des artisans qui n'en peuvent plus. Pourtant, le candidat Macron avait promis, en 2017, « la stabilité des normes » : tel ne fut pas le cas.

Le candidat Macron promettait aussi de rénover la moitié des passoires énergétiques des propriétaires les plus précaires, d'ici à 2022. Même si le rythme – je vous le concède – s'est accéléré depuis deux ans, les trois premières années du quinquennat n'ont pas rempli la moitié des objectifs.

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