Je vous parlais tout à l'heure du millefeuille de politiques sécuritaires auquel chaque gouvernement ajoute une nouvelle couche – hier les ZSP, aujourd'hui les QRR. Chaque nouveau dispositif devient prioritaire et les policiers ne savent plus ce qui doit être traité en priorité. Une certaine perte de sens du métier en découle : on ne fait plus confiance aux agents qui occupent le terrain, qui connaissent très bien leur circonscription et qui savent pertinemment quelles thématiques doivent être traitées.
Nous n'avons besoin de personne pour savoir qu'il y a un trafic de stupéfiants à tel ou tel endroit, et nous savons très bien comment ce type de problème se règle : ce n'est pas en interpellant dix fois par jour le même dealer qu'on éteint complètement un point de vente. Il faut faire confiance aux policiers, taper tous azimuts et occuper le terrain ; et pour cela, il n'y a pas de secret : il faut disposer d'effectifs en nombre suffisant. Or en Seine-Saint-Denis – je l'ai dit tout à l'heure –, il y a en 2022 trente policiers de moins qu'en 2015 : c'est très parlant !
Je ne suis pas là pour opposer les forces entre elles, mais je vais prendre un exemple. La présence d'une unité d'appui – un véhicule de police chargé d'occuper un secteur donné – est indispensable pour agir efficacement : les gens ont besoin que la police soit présente dans les quartiers, car elle doit montrer qu'elle est à l'œuvre pour lutter contre le trafic de stupéfiants ou pour intervenir lorsque des séries de violences surviennent dans un secteur. Or ce type d'unité ne peut se consacrer entièrement à cette tâche : elle doit répondre aux appels de Police secours et aux diverses doléances qui doivent être traitées en permanence.
Je pourrais aussi évoquer les BAC – brigades anticriminalité –, mais je ne vais pas mentionner toutes les unités. Nous ne disposons pas de la ressource nécessaire pour traiter simultanément toutes les missions qui se présentent à nous. Vous demandez quelle est la priorité : s'il y en a une, c'est le recrutement.