Je vais essayer de fournir brièvement quelques réponses. D'abord, dans l'éducation nationale, la capacité de l'administration à mettre en marche l'ensemble des dispositions qui permettraient à la Seine-Saint-Denis de mieux mener à bien le service public d'éducation passe selon moi par une transparence qui n'existe pas, à l'heure actuelle, s'agissant des chiffres. Tout à l'heure, lors de mon intervention liminaire, j'en ai cité un exemple qui a trait à la question du remplacement : il me semble que n'importe quel citoyen, n'importe quelle citoyenne a le droit de connaître les chiffres du remplacement et du non-remplacement, et d'exiger de la part de l'éducation nationale la transparence la plus absolue en la matière. Il est ici question de la Seine-Saint-Denis, où le problème est particulièrement sensible, mais c'est d'ailleurs le cas dans tout département, quel qu'il soit. La transparence est donc l'un des fondements de la réponse que pourrait apporter l'administration dans l'éducation nationale.
Vous demandez ensuite quelle est la priorité. Dans l'éducation nationale et en particulier en Seine-Saint-Denis, la priorité la plus absolue concerne sans doute l'accueil et la santé du public scolaire. En effet, le département ne compte qu'un médecin pour 12 000 ou 13 000 élèves, comme l'avait pointé le rapport d'information, et connaît une pénurie de personnels sociaux et de santé : cinquante postes d'infirmier ou d'infirmière n'étaient pas pourvus ou étaient découverts en octobre 2021, d'après un comptage réalisé au niveau de l'intersyndicale, et vingt-deux établissements du second degré n'avaient pas d'assistante sociale, sans compter les dizaines de postes qui devraient évidemment être créés pour répondre aux besoins du département.
D'une manière générale, le suivi des élèves à besoins éducatifs particuliers (BEP), quels qu'ils soient, est essentiel. En matière d'inclusion scolaire, le département de la Seine-Saint-Denis compte par exemple un très grand nombre de notifications de la part de la MDPH, et il faudrait au minimum un doublement des postes d'enseignants référents pour assurer un meilleur suivi de la scolarité de ces élèves. Il faudrait aussi augmenter le nombre de places disponibles dans les établissements spécialisés, ITEP – instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques – et EREA – établissements régionaux d'enseignement adapté –, car il en manque. Il y a donc tout un pan de l'éducation nationale, celui qui lie l'école et la protection de l'enfance, qui reste sinon impensé, du moins sous-dimensionné en Seine-Saint-Denis.
Enfin, s'agissant du turnover, la prime d'attractivité, dite de fidélisation, a été un geste pensé comme fort par le département pour les personnels qui y étaient éligibles. Néanmoins, la question de l'accès au logement en région parisienne reste cruciale pour les agents de la Seine-Saint-Denis,…