Nous vous parlons beaucoup de souffrance au travail, de notre manque de moyens. Soyons clairs : la plupart des personnes qui travaillent dans le service public, particulièrement en Seine-Saint-Denis, le font par vocation. Il ne s'agit pas de pleurer sur notre sort. Nous pleurons parce que nous voulions servir l'État pour finalement nous rendre compte que nous avons honte. Pour ma part, j'aimerais vraiment parler de ce sentiment. Nous avons honte d'être magistrats en Seine-Saint-Denis, de rendre la justice comme nous la rendons.
J'aimerais beaucoup aller dans les commissariats – et je pense que mes collègues du parquet en seraient également ravis. En fait, nous n'avons même pas le temps de participer aux réunions partenariales qui sont pourtant fondamentales car elles permettraient de recréer du lien et surtout de la confiance. Nos partenaires et la population n'ont plus confiance. Nous avons d'ailleurs dit que nous comprenions que les Français n'aient plus confiance dans la justice. C'est quand même très grave que des magistrats fassent un tel constat.