Le problème vient non pas d'un manque de synergies entre les collectivités locales, territoriales et l'État, même s'il arrive que les calendriers ne soient pas toujours très bien alignés en raison de certains usages, mais d'un sous-dimensionnement. Prenons l'une des quatre mesures dédiées au volet éducation du plan L'État plus fort en Seine-Saint-Denis : l'affectation de 20 millions d'euros supplémentaires de soutien à l'investissement public, à raison de 2 millions d'euros par an pendant dix ans. L'État met sur la table une somme importante mais, finalement, peu élevée en comparaison de ce que mettent des collectivités territoriales dont c'est la compétence. Le conseil départemental de Seine-Saint-Denis va ainsi investir 1 milliard d'euros entre 2021 et 2030 dans un plan « éco-collège » pour construire huit collèges et en rénover quarante-trois. Le sous-dimensionnement des moyens accordés par l'État est patent.
Venons-en à la transparence. Il s'agirait de faire un État plus fort en Seine-Saint-Denis ou, pour reprendre une expression qui revient souvent, d'y faire du « plus d'État » et du « mieux d'État ». Dans ce cas, peut-être faudrait-il commencer par ne pas l'affaiblir en prenant des mesures qui sont dans le dossier de presse présenté le 31 octobre 2019. En les découvrant, je suis tombé de ma chaise. Parmi les quatre mesures du volet éducation du plan L'État plus fort en Seine-Saint-Denis, figurait notamment l'extension à tout le département du dispositif de l'association Le Choix de l'école. Or celle-ci est un faux nez de l'Institut Montaigne, dont on sait qu'il n'a pas pour politique de faire de l'abondance en matière de services publics. Notons que cette association n'a publié aucun rapport annuel sur ses activités et ses financements depuis 2015. Sur son site, elle affirme que 50 % des collèges de Seine-Saint-Denis ont accueilli un enseignant contractuel du programme.
Ce n'est pas en pavant le chemin d'officines aux intérêts privés que l'on renforcera l'État en Seine-Saint-Denis, même si les autorités académiques de Créteil se défendent, en indiquant qu'il s'agit d'une trentaine de personnels contractuels. Là encore, la transparence est assez faible. Quoi qu'il en soit, le « plus d'État » ne passe pas par le recours à des officines aux intérêts privés.