Monsieur Herbillon, je vous remercie tout d'abord pour la qualité de votre question. Vous avez raison de le dire : la situation est grave, voire très grave. Des dizaines de milliers de militaires russes sont positionnés à proximité des frontières de l'Ukraine ; des manœuvres de soldats russes et biélorusses auront lieu dans les jours qui viennent en Biélorussie. Nous partageons donc votre diagnostic : la situation est très tendue.
Trois mots résument notre action : fermeté, solidarité, dialogue.
Avec nos alliés, nous sommes résolus à la fermeté. Lors du Conseil des affaires étrangères qui s'est tenu le 24 janvier sous ma responsabilité, les États européens ont affirmé à l'unanimité que si d'aventure une atteinte nouvelle était portée à l'intégrité de l'Ukraine, celle-ci aurait des conséquences graves et que le pays qui en serait à l'initiative ferait l'objet de sanctions massives.
Nous devons faire preuve de solidarité avec l'Ukraine. L'Union européenne a ainsi mis à son service des moyens financiers significatifs. Nous devons également faire preuve de solidarité entre les États européens, qui sont unanimes dans leur détermination. Enfin, nous devons faire preuve de solidarité envers nos alliés dont certains pourraient se sentir menacés. C'est la raison pour laquelle nous appuyons les actions de l'OTAN en Estonie et en Roumanie.
Cependant, nous avons la volonté de poursuivre le dialogue. Le président Poutine doit dire s'il veut faire de son pays une puissance de déséquilibre ou s'il contribue à la désescalade. L'initiative prise par Président de la République de reprendre les négociations au « format Normandie », alors qu'il n'y avait pas eu de réunion depuis deux ans, est un bon signe. Il faut poursuivre ce dialogue de manière obstinée. Pour garantir la sécurité en Europe, il faut instituer un nouvel ordre, plus assuré, plus visible, dans lequel les évolutions soient mieux anticipées. La sécurité ne peut pas se diviser.