Intervention de Rodrigue Kokouendo

Séance en hémicycle du mardi 1er février 2022 à 15h00
Influence de la diplomatie française

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRodrigue Kokouendo :

Je tiens tout d'abord à dire que je regrette profondément que certains discours prononcés ici exaltent les ennemis de la France, d'autant qu'ils ne manqueront pas d'être applaudis à l'étranger et de tourner en boucle sur les réseaux sociaux. N'oublions pas que nous sommes là pour défendre la politique de notre pays et son honneur.

Que pensez-vous, mes chers collègues, des 125 instituts français et 830 Alliances françaises qui ont continué à faire briller nos industries culturelles et créatives, faisant de la France le premier réseau culturel et éducatif au monde ? En coopération avec les 545 lycées français présents dans 138 pays, nous nous sommes employés à projeter l'excellence française au plus près de la jeunesse, et ce malgré la pandémie. Et cet engagement se poursuit, notamment grâce à la proposition de loi visant à faire évoluer la gouvernance de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) et à créer les instituts régionaux de formation, bientôt en discussion devant la commission des affaires étrangères.

La loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales a, quant à elle, donné un nouvel élan à notre politique de développement solidaire.

L'influence de la France passe aussi par son attractivité économique. Rappelons qu'elle se place au premier rang en Europe pour l'accueil des investissements directs étrangers.

Toutefois, notre pays, qui dispose d'une des diplomaties les plus anciennes au monde, doit transformer radicalement ses pratiques pour s'adapter aux évolutions du monde moderne. Il importe que la diplomatie d'influence, après avoir longtemps privilégié l'aspect économique des relations internationales, interagisse avec une multitude d'acteurs pour atteindre des objectifs de court, moyen et long terme.

Cependant, la diplomatie n'est plus uniquement un dialogue d'État à État : elle vise également les acteurs non étatiques que sont partis politiques, faiseurs d'opinion, milieu intellectuel, décideurs économiques, diasporas. Il nous faut donc une parfaite maîtrise du champ du numérique, sans équivalent actuel en matière d'interactions humaines et professionnelles. Cet effort d'appropriation des outils numériques garantit la pérennité de notre dispositif d'influence : mieux informer et lutter contre la désinformation, telle doit être l'épine dorsale de notre diplomatie.

Alors que dans un monde en perpétuel changement, les États n'ont d'autre choix que de repenser leur stratégie, la nouvelle feuille de route de l'influence de la diplomatie française, présentée le 14 décembre par le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, prend acte du caractère essentiel des batailles d'influence que suscite l'émergence d'enjeux inédits. Dans ses trois dimensions – méthode, lignes de force, priorités stratégiques –, elle contribuera, pour citer le ministre, à « faire vivre au présent le modèle français et européen et à lui donner un rôle dans la construction du nouvel humanisme dont le XXIe siècle a besoin ». Sur le plan des valeurs et des idées, elle appelle en effet à défendre ce à quoi nous tenons le plus. La brutalisation du monde relègue au second plan discussions et compromis : ce phénomène est inacceptable. La démocratie constitue un bien commun qu'il faut préserver partout.

Reste à définir les principaux objectifs de cette diplomatie d'influence. Le premier doit être l'humanisme, c'est-à-dire la prise en compte de la diversité au service de tous : ainsi, c'est une diplomatie résolument féministe que nous conduisons depuis le début du quinquennat. La lutte contre le dérèglement climatique constitue également un objectif majeur. Le One Planet Summit lancé à Paris en décembre 2017 est un bon exemple de notre capacité à faire émerger des solutions concrètes, en mobilisant des énergies nouvelles, dans notre intérêt commun : la préservation de la biodiversité et en dernier lieu de l'humanité. Le fait d'être présent partout dans le monde représente un atout pour notre pays, qui peut ainsi saisir la diversité, s'en nourrir, enrichir ses relations avec ses partenaires, s'adresser à leur jeunesse afin de changer le regard que l'Afrique, en particulier, porte sur la France et la France sur l'Afrique : c'est là l'un des enjeux de la présidence française du Conseil de l'Union européenne.

Il convient en outre que l'affirmation de l'identité européenne joue un rôle important au sein de la feuille de route : la diplomatie d'influence nécessite de développer nos coopérations dans les domaines de la culture, de l'enseignement ou encore de la recherche. Aussi le multilatéralisme est-il indispensable. Les grands défis mondiaux ne seront relevés que grâce à une coopération internationale suivie et efficace ; c'est pourquoi la France doit s'imposer comme inspirant les organisations internationales. Il ne faut pas négliger pour autant la diplomatie économique, mais au contraire fédérer les acteurs publics et privés qui interviennent à l'échelle internationale en faveur du développement, afin de susciter des occasions et de valoriser l'offre française, comme le fait Business France.

En guise de conclusion, je rappellerai ces propos du ministre à l'Assemblée nationale, le 17 février 2021 : « Dans un monde comme le nôtre, en état d'urgence écologique, sociale et désormais pandémique, la solidarité est un impératif d'efficacité en même temps qu'une exigence d'humanité et de justice. Enracinée dans nos valeurs, elle est aussi dictée par nos intérêts bien compris. » Je forme le vœu que ces considérations fondent l'ambition de notre diplomatie d'influence.

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