Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Séance en hémicycle du mardi 1er février 2022 à 15h00
Influence de la diplomatie française

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges :

La diplomatie d'influence, c'est aussi une certaine idée des formes de l'action politique : une préférence pour l'échange, le dialogue, la coopération ; le refus de la contrainte, de la violence, de la brutalité. Qu'il s'agisse de commerce, d'éducation, de création scientifique, d'échanges artistiques ou des synergies de la recherche, la stratégie d'influence manifeste la supériorité de l'excellence, la force du talent, l'idée que la grandeur d'un pays peut ne pas tenir à ce qu'il domine les autres, mais au fait qu'il éclaire l'avenir et préfigure l'humanité de demain. Vouloir être par l'influence, c'est vouloir donner sa chance à ce qui fait l'essence de l'autorité, terme dérivé en latin du verbe augere : « augmenter, accroître ». C'est là le propre de celui qui se trouve en mesure de changer les choses, que l'on peut suivre parce qu'il est capable d'ouvrir une voie nouvelle.

La seconde question se rapporte à la France : comment notre pays, puissance moyenne, trop petit pour imposer sa loi, mais rayonnant dans un monde qu'il a fortement contribué à faire advenir, doit-il se situer ? Ce que confirme le document établi par vos services, monsieur le ministre, c'est que la France reste fidèle à sa manière, bien à elle, de mener sa stratégie d'influence. Celle-ci pourrait se résumer en trois principes : l'universalité du message, une action qui se confond avec la promotion des valeurs de liberté et de démocratie, enfin l'aura des créations de l'esprit et de l'art, associée à celle du formidable vecteur d'universalité – là encore – qu'est la langue de Molière et de Voltaire.

En effet, l'universalité n'aura jamais été si essentielle qu'en ces temps où les grands enjeux – la paix, la prospérité, le climat, pour ne citer qu'eux – sont indivis, où ils concernent des biens communs que nous ne pouvons sauvegarder qu'ensemble, dans un cadre multilatéral. La liberté, les droits fondamentaux, à commencer par ceux des femmes, sont partout battus en brèche : il convient de les défendre, de les promouvoir. Enfin, dans un monde où mon vieil ami, le regretté Pierre Hassner, constatait – pas pour s'en plaindre – le rendement décroissant de la guerre, qui dévaste tout sans servir à rien, nous avons le devoir d'entretenir entre les nations et les peuples des relations fondées sur autre chose que l'hostilité.

La feuille de route que vous nous proposez entend adapter nos moyens, mais elle veut rester fidèle, sans naïveté, à ce qui fait la contribution spécifique de notre pays à la fabrication du monde de demain, un monde dans lequel il est essentiel que nous puissions nous reconnaître.

Évoquant le sacrifice des résistants des Glières, Malraux nous disait : « Alors ceux qui nous aimaient encore surent que la France était de retour. » Contrairement à ce que les cyniques à courte vue peuvent penser, c'est par sa fidélité à ce qui nous unit à l'humanité toute entière que nous continuerons à mériter l'estime et le respect des peuples du monde.

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