Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du mardi 1er février 2022 à 15h00
Influence de la diplomatie française

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Monsieur le ministre, ma question vous surprendra peut-être, mais je n'en ai pas fait secret. La diplomatie s'évalue aussi selon les relations que les dirigeants politiques entretiennent avec ceux des multinationales, surtout quand on place l'économie au centre de sa politique extérieure. Or ces relations sont parfois très étroites.

Ma question concerne l'offre d'achat de la multinationale Mediterranean Shipping Company (MSC) au groupe Bolloré Africa Logistics. Bolloré dispose en Afrique d'un empire logistique – ce point n'est plus à démontrer. MSC va racheter Bolloré Africa Logistics, qui détient des milliards d'euros de concessions portuaires et ferroviaires en Afrique de l'Ouest. Comme Bolloré Africa Logistics est surtout un concessionnaire, on est en droit de se demander ce qu'il vend réellement à MSC. En effet, nous savons ce que sont des concessions : dans beaucoup de contrats, la puissance concédante est propriétaire des biens dont elle concède l'exploitation, par exemple un port ou une ligne ferroviaire.

Ainsi, le contrat relatif à l'exploitation de la ligne ferroviaire reliant Abidjan à Ouagadougou, au Burkina Faso, stipule que le concessionnaire doit gérer et exploiter lui-même le service concédé, conformément à la convention de concession, sous peine de déchéance de celle-ci.

Bolloré vend-il donc des biens concédés ? Il s'agit d'une multinationale française : dans quelle mesure suivez-vous ces sujets ? Vous pourriez me répondre rapidement que cela relève du droit privé et ne vous regarde donc pas. Certes, mais vous pouvez aussi répondre qu'il s'agit d'une multinationale française, qui exerce une importante responsabilité en Afrique, en matière de logistique ainsi que pour les liens qui nous unissent aux pays concernés. Or les forces vives des pays en question se demandent ce qu'il y a à vendre, parce qu'elles considèrent que leurs États sont propriétaires des biens concernés.

Il s'agit donc de répondre à des questions. M. Ahoua Don Mello, ancien ministre ivoirien, incite à les poser et affirme qu'il faut se battre pour que ces concessions ne passent pas d'une multinationale à une autre, mais reviennent aux États.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.