Intervention de Olivier Becht

Séance en hémicycle du mardi 1er février 2022 à 15h00
Stratégie de l'union européenne pour la décarbonation de l'électricité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht :

En 2015, presque tous les pays de la planète s'étaient accordés pour faire en sorte que nous atteignions la neutralité carbone en 2050. Nous avons pris cet engagement non seulement pour la planète mais aussi pour nous-mêmes et pour nos enfants, car il y va du monde dans lequel ils vivront.

Quand on observe le rythme des événements climatiques et l'accélération du réchauffement, 2050 paraît être une date extrêmement proche ; quand on regarde les obligations que nous devons nous imposer pour enrayer ce réchauffement, ce délai paraît encore plus court : dans vingt-huit ans, c'est demain ! Il faudra au cours de cette période, comme on l'a dit précédemment, changer quasiment toutes les chaudières, transformer tous les véhicules – tels que les voitures, les avions et une partie des trains, qui fonctionnent encore au diesel sur certaines lignes – et surtout changer une partie des modes de production. Nous devons faire tout cela en maintenant l'énergie à des prix les moins élevés possibles, afin de soutenir à la fois le pouvoir d'achat des ménages et la compétitivité des entreprises. Le défi est gigantesque.

Alors que faire, quelle stratégie adopter ?

Le groupe Agir ensemble considère que nous devons travailler selon trois axes.

Le premier, bien sûr, ce sont les énergies renouvelables – le solaire, l'éolien – que nous devons développer. Pour cela, il est impératif de maîtriser les filières de stockage, car ces énergies renouvelables sont intermittentes, et à moins de décider qu'on ne branche la télévision ou le réfrigérateur que lorsqu'il y a du soleil ou du vent, il faudra disposer de batteries idoines, donc des minerais nécessaires à leur fabrication – lithium, terres rares, nickel, cobalt… Or on sait que ces matières premières ne se trouvent pas toutes en Europe : il faudra donc, pour préserver notre souveraineté, en maîtriser les filières d'approvisionnement.

Le deuxième axe, c'est celui de l'énergie nucléaire, à laquelle il ne faut sans doute pas renoncer trop vite. Certes, ce n'est pas l'énergie la plus propre, puisqu'elle produit des déchets qui resteront actifs pendant des dizaines de milliers d'années. Mais comment s'en passer aujourd'hui ? Nous devons continuer d'exploiter l'énergie nucléaire et nous pouvons mettre beaucoup d'espoirs dans la fusion nucléaire, qui n'aurait pas les mêmes inconvénients pour ce qui est des déchets.

Le troisième axe, c'est celui des énergies nouvelles, celles que nous connaissons déjà, comme l'hydrogène, mais aussi celles que nous ne connaissons pas encore. Nous ne sommes après tout qu'au XXIe siècle, et il y a 120 ans, nous ne savions rien de l'énergie atomique : il est probable qu'il y ait encore dans la nature d'autres types d'énergie que nous ne connaissons pas, et que des recherches nous permettraient d'apprendre à exploiter.

Quel rôle peut jouer l'Europe ? Elle s'est construite dès son origine, je l'ai dit tout à l'heure, sur les énergies – je pense au traité sur la Communauté européenne du charbon et de l'acier, signé en 1951, déjà cité, mais aussi au deuxième traité de Rome, signé en 1957, qui a fondé la CEEA, autrement appelée EURATOM. Nous croyons qu'il y a de la place pour une nouvelle communauté des énergies, notamment renouvelables. Nous la pensons nécessaire au niveau de l'Union européenne mais aussi pourquoi pas à l'échelle de la grande Europe : comment ne pas voir que notre puissant voisin russe, dont l'économie repose essentiellement sur le gaz et le pétrole, mais également la Turquie, qui se situe sur la voie des gazoducs et des oléoducs qui remontent notamment de la mer Caspienne, devront concevoir un avenir proche – l'horizon 2050 – sans ces énergies ? Ces pays devront être associés à cette transformation énergétique que nous, Européens, devons mener.

Une telle communauté est nécessaire pour constituer une sorte de banque des matières premières, afin d'assurer notre approvisionnement notamment en minerais indispensables au fonctionnement des énergies renouvelables. Elle est tout autant nécessaire en matière de recherche et développement, comme pour faire fonctionner les réseaux de ces futures énergies, puisque l'on sait que, malheureusement, nous n'aurons pas besoin de moins, mais de plus d'énergie.

Saint-Exupéry a écrit : la Terre ne nous appartient pas, nous l'empruntons à nos enfants. Faisons en sorte que l'Europe joue son rôle, pour le bien de la planète et de nos enfants.

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