La place de l'Union européenne doit toujours être du côté de la science, face à celles et ceux qui préfèrent la croyance et l'incantation – vous en connaissez beaucoup, madame la secrétaire d'État chargée de la biodiversité. Ce sont les scientifiques qui nous donnent les éléments nécessaires à la construction d'une politique économique, énergétique et environnementale qui doit viser deux objectifs : la neutralité carbone avant 2050 et la limitation du réchauffement planétaire en dessous de 2 degrés Celsius.
Notre stratégie continentale doit reposer en grande partie sur nos choix concernant notre mix énergétique, avec deux idées simples : nous devons consommer moins d'énergie et décarboner massivement sa production.
J'aborde en premier lieu ce point de l'efficacité énergétique, car je partage avec vous, madame la secrétaire d'État, un constat que je résumerai d'une phrase empruntée à l'économie circulaire : la meilleure énergie, c'est celle que l'on n'a pas besoin de produire.
Mais notre accord s'arrête ici, car je dois vous avouer que je suis effaré de voir que la France n'a pas su résoudre le problème des plus de 5 millions de passoires thermiques existant dans notre pays. En 2019, nous proposions lors des élections européennes la création, à l'échelle continentale, d'une épargne populaire, d'un livret vert, d'un livret E, qui finance des investissements écologiques, notamment pour la rénovation des logements. Alors que le financement des logements sociaux au travers du livret A est à l'arrêt, décider sa transformation pour permettre à la Caisse des dépôts de financer la rénovation des passoires thermiques apparaît comme une évidence. Avec la crise sanitaire que nous connaissons, les chiffres de l'épargne s'envolent en Europe, à tel point que plus de 1 400 milliards d'euros ne sont pas utilisés, dont 470 milliards rien qu'en France !
L'autre enjeu, c'est bien sûr l'électrification du mix énergétique, par des sources décarbonées, qu'elles soient renouvelables ou non. Je combats tout dogmatisme en matière d'énergie nucléaire : peu importe ici que celle-ci soit plus ou moins vertueuse que d'autres sources. Je ne sais qu'une chose, que je tire des rapports scientifiques, et notamment ceux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) : le nucléaire a un rôle fondamental à jouer en tant que source d'énergie abondante et stable pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris.
De ce point de vue, madame la secrétaire d'État, la politique française souffre d'un grave défaut stratégique : on ne fait pas du nucléaire à la petite semaine pour plaire à l'opinion publique et on ne change pas constamment d'avis, car il faut ici réfléchir sur le très long terme.
Dans la loi du 8 novembre 2019 relative à l'énergie et au climat, vous avez confirmé la fermeture de quatorze réacteurs dans les prochaines années ; mais aujourd'hui le candidat Macron nous explique que de nouveaux réacteurs sont nécessaires. On ferme, on ouvre, on promet : bref, on s'adapte à l'opinion publique…