Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du mardi 1er février 2022 à 15h00
Stratégie de l'union européenne pour la décarbonation de l'électricité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

…au lieu de concevoir une stratégie, comme l'avait fait le président Valéry Giscard d'Estaing, que nous honorerons demain dans cet hémicycle. L'inconstance, en matière d'énergie nucléaire, est une faute lourde, qu'il faut souligner.

Par ailleurs, le marché européen de l'énergie et l'interconnexion de nos réseaux sont des éléments essentiels dans notre stratégie de décarbonation. Mais notre marché ne doit pas voir ses prix complètement faussés, dès lors qu'ils sont indexés sur le gaz, qui n'est pas produit en Europe et qui connaît une augmentation exponentielle. C'est ce que vivent les Français aujourd'hui !

Je m'amuse d'ailleurs d'entendre le Gouvernement dire que si l'on demande un effort à EDF pour payer la facture, c'est parce que l'entreprise dispose de sources de production qui sont amorties. Oui, bien sûr, c'est vrai, mais parce qu'elles ont été pensées sur un temps très long. Si les centrales nucléaires françaises sont amorties et peu émettrices, alors en laissant ouverte celle de Fessenheim vous auriez sans doute épargné quelques peines aux Français.

Quoi qu'il en soit, la composition du mix électrique doit rester un choix de raison, et nous devons choisir le moyen le plus efficace pour parvenir à la décarbonation.

Le débat actuel autour de la taxonomie me laisse sans voix quant à l'influence de la France en Europe, alors que l'Allemagne n'a jamais eu de mal à préserver les intérêts de ses industries automobiles dans nos législations communes, quelque peu vertueuses qu'elles soient en matière environnementale.

Actuellement, 70 % de l'énergie consommée en Europe est d'origine fossile. L'électrification de certaines pratiques est possible dès aujourd'hui, et pour cela nous devons rapidement construire des sources d'énergie renouvelable.

Mais d'autres changements nécessiteront des évolutions technologiques qui nous laissent peu de temps pour agir. Je préférerais voir la Pologne lancer dès aujourd'hui des projets de centrales nucléaires plutôt que de la voir continuer à faire tourner ses mines de charbon.

Pour illustrer l'importance fondamentale de la décarbonation de notre mix électrique pour l'avenir de notre stratégie zéro carbone, je terminerai par une anecdote concernant la mobilité électrique.

L'Europe a intelligemment choisi, sous l'impulsion d'ailleurs du Président de la République, de rapatrier une part importante de la production de batteries sur le continent. Et c'est essentiel, car une récente étude a démontré qu'une batterie produite sur le sol norvégien pour une voiture roulant dans ce même pays ne devra parcourir – parce que la Norvège a une électricité décarbonée – que 8 000 kilomètres pour compenser les émissions de CO2 qui ont été nécessaires à sa production. En Chine, où l'électricité n'est pas du tout décarbonée, il faudrait qu'elle parcoure 180 000 kilomètres, plus de vingt fois plus !

Oui, nous avons besoin d'une énergie électrique décarbonée. La France est le pays le plus vertueux en la matière, et elle devrait reprendre la main en matière d'énergies renouvelables sans tourner le dos à l'énergie nucléaire pour faire plaisir à quelques croyants : c'est l'addition des deux qui nous permettra d'avoir l'énergie la plus décarbonée du monde.

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