Selon les estimations décrites dans le rapport 2022 de RTE, les perspectives d'évolution de la consommation d'électricité ont été revues à la hausse partout dans le monde et notamment en Europe, sous l'effet d'objectifs climatiques plus ambitieux, qui prévoient le remplacement de l'utilisation des énergies fossiles par des énergies renouvelables.
Précisément, la consommation d'électricité en France augmentera de 35 % d'ici à 2050 et les analyses prévoient un futur équivalent pour les autres pays européens. L'une des caractéristiques du marché européen de l'électricité est son interconnexion dense. Si cela est utile en temps normal, cela rend également les systèmes électriques européens très dépendants entre eux.
L'une des forces du nucléaire français est qu'il offre à ses partenaires européens une production électrique qui n'est pas aussi fluctuante que celle issue des énergies renouvelables. Or l'augmentation de la part d'énergies renouvelables dans le mix énergétique français d'ici à 2030 intensifiera la fluctuation du stock d'électricité, ce qui nécessite de renforcer les capacités françaises de stockage d'énergie.
Cette augmentation est problématique, car les stockages d'énergie dans les barrages sont les seules technologies de stockage connues qui ne nécessitent pas de métaux rares, comme le lithium ou le cobalt. S'il est bénéfique que la part des énergies renouvelables augmente dans le mix énergétique, il ne faudrait pas que cet effort soit gâché par la nature polluante des technologies de stockage de l'électricité intermittente, qui extraient et transportent le lithium et le cobalt de manière très polluante. Somme toute, si l'on intègre la fabrication et le stockage, l'intensité carbone dans la production d'électricité risque d'augmenter et de nuire aux objectifs climatiques européens.
Ainsi, comment l'Europe peut-elle respecter ses engagements climatiques compte tenu de ses futurs besoins énergétiques à l'horizon 2050, alors que le stockage et la production de l'électricité issue des énergies renouvelables entraînent une hausse de l'intensité carbone au kilowattheure ?