La France est le seul pays qui n'atteint pas ses objectifs de développement des énergies renouvelables. En 2020, en effet, celles-ci ne représentent que 19,1 % de la consommation finale brute énergétique, pour un objectif affiché de 23 %. Nous devrions pourtant nous fixer dès aujourd'hui un objectif de 100 % de d'énergies renouvelables, couplé à une réduction de la consommation globale, et planifier la sortie du nucléaire, lequel comprend de nombreux risques, concourt à la dépendance de la France pour son approvisionnement en uranium et demeure sans solution pour les déchets nucléaires, comme l'a expliqué tout à l'heure ma collègue Mathilde Panot.
Pour ce qui concerne notamment le photovoltaïque, si l'on veut augmenter la capacité de production sans défricher ni bétonner des terres agricoles ou détruire des puits de carbone, comme c'est par exemple le cas, dans mon département de la Gironde, du projet Horizeo, qui prévoit de raser 2 000 hectares de forêts, il est urgent de repenser le maillage de l'infrastructure électrique du pays. Les projets photovoltaïques au sol, qui changent l'usage du foncier, doivent être limités à des unités de petite taille. Il faut donc privilégier le déploiement sur des surfaces déjà artificialisées et, pour cela, nous avons besoin d'un maillage fin à travers le territoire, qui demande une évolution de la structure actuelle du réseau.
Cela nécessite bien évidemment des investissements conséquents que votre marché ou votre toute-puissante concurrence ne fournira pas. Je me contenterai de rappeler que la concurrence dont vous nous rebattez les oreilles n'a pas produit un seul électron ni déroulé un seul mètre de câble. Seule la puissance publique peut penser et financer ce besoin en termes d'infrastructures.
Mes questions seront donc très simples et très claires. Quels investissements prévoyez-vous pour adapter le réseau à ces nouvelles sources de production d'électricité qui ont besoin d'être développées ? Envisagez-vous de refaire d'Enedis et de RTE une entreprise intégrée, condition indispensable au développement de ce réseau stratégique ? Enfin, quand allez-vous supprimer la CRE, la Commission de régulation de l'énergie, ou, au moins, lui redonner une mission, l'un de ses objectifs étant, aux termes de son plan stratégique, de « contribuer à la construction du marché intérieur européen de l'électricité ». Or on constate aujourd'hui la faillite de cette logique de marché, où la concurrence est factice.