Ma question ne sera pas polémique, monsieur le garde des sceaux ; je ne vous reparlerai pas du manque cruel de places de prison, ni du déni de la rapporteure de la commission d'enquête au sujet de la radicalisation en prison. Je veux plutôt procéder à un retour d'expérience. Éric Poulliat et moi avons présenté en juin 2019 un rapport en conclusion d'une mission d'information sur les services publics face à la radicalisation. Nous avions pris note de la montée en puissance des renseignements pénitentiaires, rendue notamment visible par l'augmentation des effectifs ces dernières années.
Malheureusement, pendant la commission d'enquête, nous avons constaté que le renseignement pénitentiaire subissait des carences importantes puisqu'un agent du SNRP suit entre cinquante et soixante-dix dossiers en moyenne. Les syndicats ont signalé qu'à la cellule interrégionale de Strasbourg, un seul officier était responsable de la sécurité pénitentiaire des vingt-trois établissements de la région Grand Est.
Le problème vient d'un mauvais emploi de l'augmentation des effectifs. En effet, les délégués locaux ont des officiers spécifiquement recrutés pour effectuer des missions de renseignement, mais lorsqu'ils sont affectés, il arrive que les établissements leur attribuent des tâches purement administratives. Les syndicats soulignent l'écart important qui sépare la volonté politique de celle de l'administration, qui prend trop de libertés avec les moyens qu'on lui accorde.
Comment comptez-vous rendre plus efficace le renseignement pénitentiaire, essentiel pour détecter la radicalisation et prévenir le terrorisme ? Dans notre rapport, je m'étais félicité de l'existence de ce service de renseignement, mais les syndicats disent qu'il est mal affecté et sous employé.