Longtemps laissée dans l'angle mort des politiques de santé, la santé mentale est désormais au volet des priorités. Les problèmes de santé mentale constituent 7,4 % des causes d'incapacité ; ils sont donc devenus une problématique incontournable.
En tant que cadre de santé en psychiatrie et membre du conseil de surveillance de l'hôpital Le Vinatier à Lyon, je suis consciente du poids que font peser les problèmes de santé mentale sur notre société. Je me réjouis donc des initiatives nombreuses qu'a prises le Gouvernement et je le dis clairement ici : il faut aller encore plus loin ! Trois millions de Français souffrent de troubles psychiques sévères. Une personne sur cinq – soit 13 millions de personnes – est touchée par une souffrance psychique. La dégradation de la santé mentale des Français est une des conséquences de la covid. La question de la prévention et du traitement de la santé mentale est devenue prégnante. La distanciation sociale, les cours à distance et le télétravail, pour ne citer qu'eux, sont des facteurs d'isolement qui ont un effet délétère sur le psychisme d'un certain nombre de nos concitoyens, surtout chez les jeunes enfants et les adolescents ; les comportements à risque sont en nette augmentation.
La situation des professionnels de santé est particulièrement inquiétante : prévalence des symptômes d'anxiété, de dépression et de dissociation péri-traumatiques – les taux les plus élevés étant observés chez les infirmiers. De nombreux dispositifs d'études et d'accompagnement ont vu le jour avec la crise sanitaire pour tenter d'apporter une réponse à ces problèmes devenus patents. Cette dynamique doit être poursuivie, en commençant par consolider ce qui fonctionne le mieux. Je pense aux différents groupes de travail et cellules d'études mises en place autour de la délégation ministérielle à la santé mentale et à la psychiatrie, de Santé publique France, des agences régionales de santé (ARS) et du Haut Conseil de la santé publique. Il faut développer ces initiatives en vue de les pérenniser au-delà de leur contribution au seul environnement de la crise sanitaire.
Le secteur de la psychiatrie et de la santé mentale doit désormais s'adapter aux défis qui l'attendent, avec l'apparition de nouveaux besoins dans la population, notamment parmi les plus jeunes souffrant de symptômes dépressifs, anxieux et addictifs, mais également la prise en charge du burn-out des soignants exerçant dans les hôpitaux et les structures médico-sociales.
Les infirmières en pratique avancée en psychiatrie ont un rôle essentiel à jouer dans les CMP et dans les maisons des adolescents, mais également à l'école et sur les lieux de travail, pour dépister et prévenir les souffrances psychiques. Je rappelle que des campagnes de communication nationales et ciblées ont commencé en 2021 afin de faire mieux connaître les enjeux liés à la santé mentale et de faire tomber des tabous alimentés par la peur. Le 1er octobre 2021, un numéro d'appel national de prévention du suicide a été mis en place. Le Gouvernement a su se saisir de ces enjeux et je veux souligner l'importance qu'il a donnée à l'accompagnement de nos concitoyens : les crédits alloués à la psychiatrie ont augmenté de 2,4 % en 2021.
Le Gouvernement apporte tout son soutien à l'ambition exposée dans la feuille de route actualisée dans les territoires, avec le développement d'une culture de la santé mentale et de la prévention, la promotion d'une approche populationnelle et le renforcement de l'attractivité de la psychiatrie, ou encore la consolidation des projets territoriaux de santé mentale afin d'accompagner ces dynamiques.
Enfin, à l'occasion du comité stratégique réunissant l'ensemble des acteurs de la santé mentale et de la psychiatrie, le 21 janvier 2022, Olivier Véran a rappelé que la préservation de la santé mentale des Français est une préoccupation constante du Gouvernement. En témoignent les assises de la santé mentale et de la psychiatrie, clôturées par le Président de la République en septembre dernier ; il a alors annoncé une série de mesures fortes et attendues par le secteur. À cette occasion, il a rappelé l'importance du triptyque considération-information-prévention pour traiter la question de la santé mentale.
Il est important que la discussion, la réflexion et l'action sur le sujet de la santé mentale ne faiblissent pas. C'est un enjeu de taille face à un ennemi invisible qui ne dit pas toujours ce qu'il est ou qui se cache derrière les tabous et les peurs.
Je veux rendre hommage aux équipes de santé mentale, qui se sont mobilisées pendant la crise sanitaire qui a frappé notre pays. Enfin, je veux aussi répéter qu'il ne faut pas faiblir et qu'il faut poursuivre nos efforts.