Vous pointez les bonnes questions, madame la députée. Les personnes de plus de 60 ans représentent un quart de la population ; elles en représenteront un tiers en 2040. Si la plupart d'entre elles sont fort heureusement en bonne santé mentale, beaucoup sont exposées – vous l'avez dit – au risque de développer des troubles mentaux, neurologiques ou des problèmes liés à l'abus de substances psychoactives. La crise a aggravé certaines tendances qui étaient déjà constatées. Plus de 20 % des adultes de 60 ans et plus souffrent aujourd'hui d'un trouble de santé mentale ou neurologique, dont la dépression est l'expression la plus fréquente, et un tiers des suicides dans notre pays concernent les plus de 65 ans. Je le disais à l'instant : la crise a accru la souffrance psychique des seniors.
De nombreuses actions ont donc été lancées par le Gouvernement, dont certaines sont spécifiques aux seniors. Elles s'articulent autour de trois axes. Le premier consiste à mieux informer les seniors sur les moyens de conserver leur bonne santé mentale. En particulier, le portail numérique d'information de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) a été enrichi en ce sens.
Le deuxième axe – que vous avez évoqué – porte sur le repérage des fragilités et la prévention de l'isolement. Il repose notamment sur l'expérimentation, pour une durée de trois ans, d'un programme, dit ICOPE, de prévention de la perte d'autonomie axé sur le dépistage multidimensionnel du déclin fonctionnel lié à l'âge. Cette démarche vise à développer les pratiques préventives au sein de la population des seniors, en évaluant, en amont de la dépendance, six capacités fonctionnelles qui constituent des déterminants essentiels de la perte d'autonomie. L'expérimentation s'inscrit dans la stratégie globale de prévention de la perte d'autonomie 2020-2022, Vieillir en bonne santé. J'évoquerai également l'institution, à partir de 2023, d'un nouveau module de formation aux premiers secours en santé mentale centré sur les personnes âgées.
Enfin, le troisième axe vise à adapter aux seniors, grâce à un plan dédié, la stratégie nationale de prévention du suicide. Cela passe notamment par le dispositif VigilanS mais aussi par la formation au module Sentinelle des professionnels qui interviennent auprès de personnes âgées à domicile et en établissement, dans le cadre d'une formation actualisée en prévention du suicide consacrée plus spécifiquement aux personnes âgées et en perte d'autonomie.