Elle a dégradé l'enseignement public et provoqué la fuite des élèves vers l'apprentissage privé en dérégulant la création de CFA et en subventionnant massivement le secteur privé : près de 6 milliards d'euros ont été versés aux employeurs depuis juillet 2020 pour embaucher des apprentis, alors que les lycées professionnels et agricoles ont dû se débrouiller avec les moyens du bord.
La vision de l'apprentissage défendue par le Gouvernement ne bénéficie que marginalement à ceux qui ont les plus grandes difficultés à s'insérer professionnellement : la réforme et les aides à l'embauche ont entraîné une explosion du nombre d'apprentis de l'enseignement supérieur, notamment dans les grandes écoles. Plus de 60 % des apprentis possèdent ainsi un niveau supérieur au baccalauréat. La Cour des comptes souligne que « l'essentiel des nouvelles places créées a profité aux élèves capables de suivre un cursus long et a peu bénéficié aux publics vulnérables. Si ce choix peut être justifié pour développer l'apprentissage dans notre pays, il n'améliore qu'à la marge l'insertion sur le marché du travail des jeunes les plus diplômés ». En plus d'être inefficaces, les dispositifs créés pour développer l'apprentissage créent donc des effets d'aubaine.
Bilan de cette loi et des dispositifs de soutien qui lui ont fait suite : la France manquera de main-d'œuvre qualifiée dans certains domaines clés que les entreprises refuseront de financer, la qualification des jeunes sera dégradée, les compétences acquises seront moins durables que dans l'enseignement public et les plus démunis resteront sur le carreau.
Quand le Gouvernement mettra-t-il fin à cette folie et réorientera-t-il les subventions accordées aux entreprises privées vers l'enseignement professionnel public, afin de garantir une formation de qualité, à la fois professionnalisante et humaniste ?