En présence de votre président, qui s'est adressé à nous, ce matin, à Berlin, nous avons débattu avec passion et avec gravité de notre proposition de résolution. À travers elle, nous voulons élargir la coopération entre nos deux pays, approfondir encore notre partenariat. L'occasion nous est donnée par l'anniversaire du traité de l'Élysée.
Ce traité est un motif de fierté, la fierté de ce que nous avons déjà accompli. Je viens du sud-ouest de l'Allemagne, ma circonscription d'Offenburg et ses environs s'arrête à la limite de la ville de Strasbourg. J'y observe le développement impressionnant que les régions frontalières, en particulier, ont connu : les villes ont commencé à se fondre entre elles, les paysages aussi. Tout naturellement, des Français et des Allemands travaillent d'un côté du Rhin et vivent de l'autre. Ces eurodistricts, nous voulons les renforcer, car c'est là que la coopération franco-allemande se vit au quotidien. Or ce qui est pour nous le quotidien nous apparaît vite comme une évidence, et ce qui est une évidence nous apparaît comme ne nécessitant aucune condition préalable.
Dans notre proposition de résolution, nous célébrons l'amitié franco-allemande comme un don hérité de l'histoire ; c'est ce qu'elle est. Nous le devons toutefois à des hommes courageux, qui ont fait preuve de clairvoyance après les guerres mondiales et après les crimes allemands. Ils ont montré les voies de la réconciliation. J'ai rappelé ce matin la figure de Joseph Rovan, ce grand Français aux racines allemandes. Né il y a cent ans, il devint professeur d'université, ici, à Paris, il y a cinquante ans, et enseigna l'histoire et la politique de l'Allemagne. Des personnalités comme lui croyaient que des ennemis peuvent devenir amis.
En 1963, le traité de l'Élysée fut bâti sur cette vision d'une amitié franco-allemande. Charles de Gaulle et Konrad Adenauer s'appuyèrent sur les réalités. Bien sûr, il y avait des différences – il y en a encore. Bien sûr, les Français et les Allemands ne sont pas les mêmes, ils suivent des traditions spécifiques et ont des intérêts légitimes qui leur sont propres. C'est seulement parce que nous savons cela que nous pouvons réaliser ce que nous voulons en commun ; et c'est précisément pour cela que nous avons créé, avec le traité de l'Élysée, des mécanismes et des règles de coopération à l'échelon gouvernemental, grâce auxquels nous parvenons à des accords, malgré nos différences. C'est aussi le cas, depuis longtemps, entre nos parlements.
La politique doit s'appuyer sur les réalités. La politique est féconde si elle procède avec pragmatisme, sans perdre de vue sa capacité visionnaire. Avec notre proposition de résolution, c'est ce que nous faisons. Malgré toute la fierté que nous inspire ce qui a été accompli, nous devons nous garder de toute autosatisfaction. Nous voyons les défis qui sont devant nous et, ainsi, nous prenons conscience que nous devons les affronter. Ce qui a été réalisé nous incite à aller de l'avant. C'est pour cela que nous invitons les gouvernements de nos deux pays, le Gouvernement français et le futur Gouvernement allemand, à adapter les fondements du traité de l'Élysée aux défis nouveaux de notre époque,
Le 24/01/2018 à 09:01, Laïc1 a dit :
"Bien sûr, les Français et les Allemands ne sont pas les mêmes, "
Déjà, entre Français, on n'est pas les mêmes. Même au sein d'une famille resserrée, on n'est pas les mêmes, alors à grande échelle...
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