Mes chers collègues, nous appelons donc à un nouveau traité de l'Élysée, comme l'ont fait ce matin nos homologues à Berlin. Nous savons toutes et tous que l'histoire ne relève pas de l'immanence mais bien de la volonté des femmes et des hommes qui sont en situation de choisir et de décider, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. La meilleure manière de faire l'histoire consiste à se hisser au niveau des défis d'une époque, la nôtre, et au niveau des exigences de nos peuples. Nos choix pourront parfois froisser l'actualité, mais ils vaudront pour l'histoire.
Songeons un instant à la hauteur de vue, à la clairvoyance qui ont été celles de Charles de Gaulle et de Konrad Adenauer pour fabriquer le traité de l'Élysée, socle indispensable à une paix durable, socle sur lequel l'espérance européenne a pu se bâtir. Songeons à ces deux hommes, nés au XIXe siècle, meurtris par les terribles conflits qui avaient opposé nos peuples et qui ont trouvé en eux-mêmes l'inspiration pour tracer les perspectives historiques qu'ils ont inscrites dans le traité. Songeons aussi aux pas européens de géant accomplis par Helmut Kohl et François Mitterrand.
Qu'aujourd'hui, aux côtés de la Chancelière Merkel et du Président Macron, les parlements de nos nations respectives aient à coeur d'affirmer que les représentations nationales veulent aussi s'engager est bien plus qu'un aboutissement formel : c'est un engagement fondamental. J'appartiens à ces générations de Français et d'Allemands qui ont pu se rencontrer, échanger et se comprendre, qui ont appris de leurs différences comme de leurs similitudes, qui ont compris qu'ils pouvaient lier leurs destins et qu'un souffle nouveau pouvait dépasser les cicatrices de l'histoire.
Depuis le traité de l'Élysée, nous avons partagé de réelles coopérations, y compris en matière de politique étrangère et de défense. La brigade franco-allemande, dont l'une des députées ici présente, notre collègue Laetitia Saint-Paul, fut commandante d'unité, en est un exemple. La coopération structurée permanente, mise en place en décembre dernier, en est un approfondissement.
Mais, au fond, que tout cela est insuffisant ! Insuffisant parce que nous sentons bien, au plus profond de nous-mêmes, que si nos pays resteront toujours nos patries, l'avenir de nos patries ne peut s'inscrire que dans un ensemble plus vaste pour permettre aux valeurs et aux idéaux universels que nous partageons de rayonner.