Intervention de Maina Sage

Séance en hémicycle du vendredi 4 février 2022 à 15h00
Lutte contre la pollution plastique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaina Sage :

Le plastique est un fléau qui laissera son empreinte jusque dans les espaces les moins connus et les plus hostiles à l'homme, du fond de nos océans au sommet de nos montagnes. Entre 1950 et 2015, 70 % de la production de plastiques se sont transformés en déchets, dont près de 80 % ont été mis en décharge ou jetés dans la nature. D'ici à 2030, la production mondiale de déchets plastiques pourrait augmenter de 41 % et la quantité accumulée dans les océans pourrait doubler. Nous savons que se sont près de 10 millions de tonnes de déchets qui y sont rejetés chaque année.

Encore récemment, lors de la présentation du futur sommet One Ocean vendredi dernier, notre envoyé spécial pour les océans, Peter Thomson, a indiqué que ce chiffre doublerait d'ici à 2030 et serait multiplié par trois en 2050. D'après les scientifiques, à peine 1 % de ces déchets flottent à la source des océans, le reste, enfoui, se délitant en microbilles de plastique. Telle est aujourd'hui notre réalité, à nous qui vivons sur la même planète terre.

Pour ma part, je vis sur la planète mer, à 20 000 kilomètres d'ici, loin des continents, en plein milieu de l'océan Pacifique. J'y constate ces pollutions tous les jours sur les rivages de nos côtes, issues de ce que l'on fait à terre, mais aussi de ce que l'on jette en mer : c'est malheureux, et la situation est presque inextricable. J'ignore si nous arriverons à enlever tout ce plastique des océans. Ce que je sais, c'est que le mal est fait : nous avons la responsabilité, ensemble, de trouver toutes les solutions possibles pour arrêter ce massacre.

Nous faisons aujourd'hui de notre planète, à terre comme en mer, une poubelle plastique : tout ce que nous mangeons est pollué par cet élément. Je ne suis pas scientifique, comme certains de mes collègues que j'ai entendus, et j'aurai toujours, à titre personnel, une position maximaliste sur ce sujet. C'est la raison pour laquelle j'ai cosigné cette proposition de loi : il est temps d'avoir des positions beaucoup plus radicales sur le plastique. Y parviendrons-nous d'ici à 2030 ? Même si tout le monde pense que c'est impossible, je rêve que ce soit le cas. Je considère même que 2030, c'est beaucoup trop tard.

Nous nous sommes battus, mon collègue Jimmy Pahun et moi-même, lors de l'examen du texte « climat et résilience », pour seulement supprimer – sans y parvenir tout à fait – le film plastique alimentaire, qui représente une infime partie de toute la pollution plastique. Je salue tout de même tout le travail qui a été fait sur la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dite EGALIM.

Je sais que le Gouvernement et la majorité ont beaucoup œuvré sur les derniers textes, avec la loi AGEC et la loi EGALIM, bien sûr. Sur le plastique, nous devons aller beaucoup plus loin et beaucoup plus vite car, mes chers collègues, nous pouvons faire beaucoup mieux que 2040 pour le plastique à usage unique. Je suis convaincue que nos successeurs adopteront des mesures bien plus ambitieuses, car cela deviendra une évidence, comme pour un certain nombre d'autres sujets sur lesquels nous nous interrogeons et qui finissent par s'imposer au fil du temps. Non seulement l'océan, mais aussi tout ce qui nous entoure, est menacé par les activités humaines, notamment par les plastiques pétrosourcés.

La position de notre groupe Agir ensemble est partagée. Comme beaucoup d'entre nous, je pense que cette proposition de loi montre la voie et contient des solutions : à titre personnel, vous l'avez bien compris, je la soutiendrai, car elle comporte à la fois des mesures pour réduire ces pollutions, mais aussi pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ; elle prévoit également de contribuer au débat public, de construire et de renforcer nos stratégies en ce sens. Le seul bémol est celui de la date : 2030, est-ce réaliste ? Je préfère soutenir un texte qui propose une date très ambitieuse – peut-être le sera-t-elle moins à l'issue de la navette parlementaire –, car nous ne pouvons pas nous permettre de passer à côté d'une telle opportunité.

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