Intervention de Aurélien Taché

Séance en hémicycle du vendredi 4 février 2022 à 15h00
Lutte contre la pollution plastique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurélien Taché :

Tous les indicateurs sont au rouge : les glaciers fondent, la terre brûle, les catastrophes naturelles se multiplient en France comme ailleurs. Nous n'en sommes plus au stade des mesurettes pour sauver l'avenir de notre jeunesse. Malgré tout, nous en sommes davantage au stade où nous attendons de voir la conséquence de notre pollution, qu'elle soit sociale ou écologique, et à fermer les yeux sur la réalité qui se dessine.

Nous ne pourrons pas trouver de solution plus tard. Il est l'heure de l'écologie, nous devons agir maintenant. Mais, en attendant d'effectuer ce changement par les urnes dans quelques mois, nous devons commencer à agir ; la proposition de loi le permet, en réduisant la consommation de plastiques en France.

Alors que des continents de déchets en plastique émergent à travers le monde, alors qu'on estime qu'un être humain ingère cinq grammes de plastique par semaine, la question du plastique devient majeure. On le retrouve dans l'air qu'on respire, dans l'eau que l'on boit, dans les aliments que l'on mange. Si le plastique pose problème à l'humain aujourd'hui, cela fait des années que nos millions de tonnes de plastique tuent faune et flore dans le plus grand silence des industriels qui essaient de couvrir leurs écocides par du greenwashing.

Mais, au-delà du plastique, ce sont évidemment les produits issus du pétrole qui posent problème. L'absence d'action gouvernementale a un coût que nous payons très cher du point de vue économique et environnemental. En effet, pour aller plus loin, nous devons rapidement soutenir financièrement la recherche, afin de combler nos lacunes sur les conséquences de la présence des plastiques dans la nature. Nous devons agir avec d'autres pays car c'est un problème mondial, qui dépasse les frontières, mais aussi faire passer à la caisse les entreprises qui engendrent cette pollution et se servent des pays les plus pauvres comme déchetterie.

Mais cela ne doit pas déresponsabiliser ceux qui laissent proliférer le plastique. En étant à la direction du pays, la majorité et le Gouvernement devraient saisir l'occasion qui leur est offerte avec cette proposition de loi pour essayer de se rattraper. En effet, s'il fallait dresser le bilan de leur action en matière écologique, il y aurait beaucoup ou, plutôt, peu à dire.

Pourtant, jamais les mobilisations des citoyens sur la question écologique – sous toutes leurs formes – n'ont été aussi nombreuses que durant ce quinquennat. En attestent la Convention citoyenne pour le climat, dont le Président de la République n'a repris qu'une part très faible des propositions, ou les marches pour le climat, dont le succès montre la défiance et la colère qu'expriment notamment ces jeunes. En 2018, ils étaient 136 000 manifestants partout en France, puis plus de 350 000 à descendre dans la rue en 2019. En réponse à ces mobilisations, le Gouvernement est venu faire des selfies dans les cortèges, puis a envoyé la police pour les gazer, les matraquer et les verbaliser. La répression, voilà la réponse de ce gouvernement à une jeunesse qui a décidé d'agir pour défendre son avenir. Ces jeunes appellent à manifester une nouvelle fois le 12 mars pour vous dire : « Look up ». Ainsi, ne faites pas comme les dirigeants dans le film, levez les yeux et regardez la réalité de la catastrophe de l'usage du plastique en face.

La proposition de loi de notre collègue François-Michel Lambert contient des dispositions intéressantes et audacieuses. En effet, elle vise, à compter du 1er janvier 2030, à interdire la fabrication, la détention en vue de la vente, la mise en vente, la vente et la mise à la disposition de produits fabriqués à partir de pétrole ou de produits pétroliers. Elle va beaucoup plus loin que ce que nous avions voté s'agissant des différentes échéances fixées pour interdire la mise à disposition et la production des emballages à usage unique, à savoir le 1er janvier 2021, le 1er janvier 2022 et le 1er janvier 2025. Cette mesure audacieuse choque, je le comprends bien, mais a le mérite d'interroger concrètement notre manière de consommer, peu compatible avec nos ambitions nationales et européennes en matière de développement durable. Pour une fois, nous agirions et frapperions fort.

Alors oui, on pourrait nous reprocher de restreindre la liberté du commerce et de l'industrie. Mais je crois intimement que nous en sommes à un point de notre histoire où nous devons faire des choix importants. L'occasion se présente aujourd'hui.

Il en va de même de l'article 2, qui prévoit la définition d'une stratégie nationale « zéro plastique pétrole ». Elle compléterait notre stratégie nationale bas-carbone, nous permettrait de diminuer une pollution contre laquelle nous n'avons pas eu le courage de lutter et d'être innovants à l'échelon européen ; il était temps.

Enfin, je tiens à saluer tout particulièrement l'article 4 de cette proposition de loi, qui prévoit une mise en œuvre pleine et entière de l'article 7 de la Charte de l'environnement en lançant un débat public sur les mesures proposées par mes collègues.

Le développement durable n'a pas à être imposé. Il passe par la pédagogie, le dialogue et la prise en compte des points de vue de chacun ; autrement dit il doit embarquer toute la société française. Il a vocation à être non pas une sanction mais un progrès. Faisons en sorte qu'il en soit ainsi.

Les jeunes pour le climat et leur association, Youth for climate, ont bien raison de se mobiliser alors que le ministre des transports détruit le service public ferroviaire au profit des avions et que l'on attend toujours des actes concrets de la part de la ministre de l'écologie, après toutes ses belles paroles. Chaque début de film-catastrophe met en scène un gouvernement sourd aux alertes des scientifiques, mais nous ne sommes pas dans un film. Alors agissez et luttons réellement contre la pollution du plastique !

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