Intervention de François-Michel Lambert

Séance en hémicycle du vendredi 4 février 2022 à 15h00
Lutte contre la pollution plastique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois-Michel Lambert, rapporteur de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire :

Quelle que soit son origine, un polymère reste le même d'un point de vue technique. Ce que je veux privilégier, c'est une approche économique. Aujourd'hui, si le plastique est extrêmement abondant, c'est qu'il est peu cher à produire pour la seule et unique raison que le pétrole coûte peu. J'anticipe sur la discussion des amendements, mais j'ai bien vu que certains de ceux déposés par le groupe UDI-I visent à recourir à la fiscalité, car leurs signataires ont bien compris que pour freiner la croissance immodérée du plastique, il était nécessaire de renchérir son coût. Pour ma part, la voie que je propose est d'imposer plus de contraintes, ce qui le rend aussi plus onéreux.

Chère Claudia Rouaux, vous avez rappelé, comme Philippe Gomès, qu'une étude d'impact aurait été judicieuse. Les moyens dont nous disposons sont ce qu'ils sont et, en cette fin de législature, nous avons aussi besoin de symbolique, démarche que j'assume, tout comme le groupe Libertés et territoires que je remercie pour sa confiance. Il faudra peut-être, à un moment donné, faire bien plus que d'écarter cette proposition de loi, d'autant que personne, absolument personne, ne remet en cause la catastrophe que nous vivons.

Chère Maina Sage, je vous remercie pour votre soutien au projet de l'Agence nationale du plastique et pour l'engagement que vous avez exprimé, alors que nous sommes dans les dernières heures de la quinzième législature, pour vos territoires si beaux et si fragiles. Nous aimerions les savoir préservés alors qu'ils risquent malheureusement d'étouffer sous le plastique. Vous n'auriez pas pu exprimer plus fortement, et de façon plus nette, l'urgence qu'il y a à agir. Oui, il faut aller vite, et cette proposition de loi montre la voie. Elle ne prétend pas être l'alpha et l'oméga, elle appelle simplement l'attention sur le fait que nous ne pouvons nous contenter des dispositions que nous avons votées en 2019, car elles ne suffiront pas – rappelons qu'elle se sont appuyées sur des travaux menés en 2017 et étudiées en 2018.

Présomptueux que je suis, je pensais tout connaître des études scientifiques sur l'impact du plastique et je vous sais gré, cher Philippe Gomès, d'avoir cité celles qui portent sur les coraux. Cela n'a fait qu'accroître ma terreur devant les conséquences de la prolifération du plastique. Je ne manquerai pas de regarder de plus près le mécanisme par lequel les microfibres affaiblissent les coraux, déjà éprouvés par le réchauffement climatique. Il y a de quoi s'inquiéter quand on sait que les récifs coralliens abritent, de mémoire, 80 % de la vie marine. Si nous les tuons, cette vie marine n'existera plus que dans les aquariums !

Chère Jennifer De Temmerman, merci pour votre soutien : oui, nous devons avancer au lieu de nous réfugier derrière l'Europe pour trouver des excuses. Souvenons-nous que lorsque le Gouvernement, sous l'impulsion de Nicolas Hulot, a eu le courage de proposer d'arrêter la production des véhicules thermiques en 2040, certains, dont nous sommes, l'avaient soutenu quand d'autres lui avaient opposé que l'Europe ne nous le permettrait pas. Aujourd'hui, la situation est telle que nous avons dû avancer cette échéance à 2030 au niveau national et à 2035 au niveau européen. Voilà la réalité. Certains ont pris le risque de dire à l'Europe que nous ne pouvions plus accepter qu'on produise encore des véhicules thermiques en 2040, compte tenu de l'urgence climatique. Pour le plastique, nous sommes confrontés au même impératif : nous ne pouvons plus accepter sa prolifération, il faut couper sa trajectoire de croissance nourrie par le pétrole bon marché.

Aurélien Taché, tous les voyants sont au rouge, en effet. Il est important de souligner, comme vous le faites, que ce sont aussi les pays les plus pauvres qui pâtissent de cette pollution, je dirai même les pauvres parmi les plus pauvres. C'est en effet une rupture qui s'impose, comme vous l'avez bien compris. Nous ne pouvons pas traiter la question des emballages en catimini. Elle appelle, comme vous le dites avec raison, un débat ouvert, un débat large dans le cadre des états généraux de l'emballage que nous proposons.

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