La résolution que nous votons aujourd'hui, dans ses considérants 13 et 14, consacre finalement cette vision que rien ne se fera sans une union monétaire plus résistante et des finances publiques plus saines. C'est, à mon sens, l'un des points de cette résolution sur lequel nous aurions peut-être pu être plus audacieux.
Certes, l'union monétaire transcende nos deux pays, mais l'Allemagne et la France en sont le coeur nucléaire. Nos gouvernements comme nos peuples devraient un jour avoir le courage de ne pas rester au milieu du gué. Cela signifie que l'intégration plus forte de nos politiques monétaires et budgétaires, comme de la gouvernance de la zone euro, ne pourra pas, dans la durée, demeurer une option.
Il y a évidemment, vous me permettrez d'en parler, monsieur le président, un second sujet de préoccupation pour nos concitoyens en France, en Allemagne et partout en Europe. Il s'agit de la question migratoire et de l'accueil des réfugiés. C'est une question majeure sur laquelle nous aurions également pu être plus audacieux dans cette résolution.
Je concède qu'il n'est pas facile d'être audacieux tant le sujet est explosif et tant il divise. Il touche à la question essentielle de savoir quelle est notre capacité d'accueil. Dans notre famille politique, nous pensons qu'elle est atteinte.
Ce sujet recèle également une évidence : l'Europe doit se saisir de la question des flux migratoires. Les pays membres ne peuvent pas faire cavalier seul dans cette affaire.
De notre point de vue, Schengen a vécu. Sa réforme est une priorité et, nous, Allemands et Français, devons prendre nos responsabilités, car il y va de la cohésion européenne dans son ensemble. Sur cette question, mais pas seulement, un fossé se creuse entre deux Europe. Il est de notre devoir commun, France et Allemagne, de ne pas laisser ce fossé s'élargir.
Le risque existe, si nous ne prenons pas en compte la sensibilité particulière de nos partenaires de l'est de l'Union européenne, sensibilité liée à leur histoire propre, à leur géographie aussi, de ne pas parvenir à les arrimer profondément à l'Europe, à nos valeurs de démocratie, de liberté, à ce qu'est l'Occident et ce que nous avons en partage. La République fédérale d'Allemagne sait mieux qu'aucun autre pays, car elle l'a vécu au moment où elle a dû se reconstruire, ce que signifie tendre la main et avoir des alliés.
L'Allemagne a une responsabilité historique en la matière. La France, elle aussi, doit regarder vers l'Est. Au moment où le Royaume-Uni a choisi une autre voie, nous ne pouvons nous payer le luxe d'une Europe amputée à l'Est.
Nous avons fait le choix historique – il n'y en avait pas d'autre – de l'élargissement à l'Est. Assumons-le. Aidons ces pays qui ont subi le joug soviétique à approfondir et à partager l'aventure européenne. Assumons aussi que cet élargissement a atteint ses limites aujourd'hui et, notamment, que la Turquie n'a pas sa place dans l'Union.