Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du jeudi 10 février 2022 à 15h00
Renforcement du droit à l'avortement — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Selon une de nos collègues, ce qui est en jeu n'est pas tant la situation des femmes que le problème éthique posé par la destruction du fœtus. Mais je rappelle que la distinction entre l'embryon et le fœtus se fait à huit semaines de grossesse. Or l'IVG peut intervenir jusqu'à douze semaines de grossesse, donc à un moment où nous sommes déjà en présence d'un fœtus, c'est-à-dire d'un être humain qui n'est pas viable.

On peut certes chercher à susciter l'émotion, voire à effrayer, en notant par exemple qu'à douze semaines, le fœtus possède déjà un cerveau, mais entrer dans de tels débats ne nous fera absolument pas avancer. À dix, douze ou quatorze semaines, il s'agit bien d'un fœtus. Le Comité consultatif national d'éthique a confirmé qu'allonger de douze à quatorze semaines le délai de recours à l'IVG ne posait pas de problème éthique. C'est important de le dire, pour savoir où se situe véritablement le débat.

Certains affirment qu'il ne faut pas banaliser l'avortement ni y voir un acte anodin. Mais selon moi, le plus important est de cesser de culpabiliser les femmes. Parmi les traumatismes qu'elles peuvent subir dans le cadre d'un avortement, il y a en effet ce regard social culpabilisateur ; il ne faut pas l'oublier. Quand une femme décide d'avorter, elle sait qu'elle touche à son corps ; c'est d'abord de son corps que nous parlons. Elle sait que ce n'est pas anodin. Si elle décide de faire, c'est bien qu'elle arbitre entre différentes exigences et qu'elle estime que le traumatisme que représente le fait d'enfanter quand on ne désire pas avoir un enfant sera plus grand que si elle a recours à l'avortement.

Enfin, s'il est question de traumatisme, nous pourrions aussi discuter de celui que subit un enfant non désiré.

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