Madame la présidente, en application de l'article L. 143-6 du code des juridictions financières, j'ai eu l'honneur de vous remettre à l'instant le rapport public annuel de la Cour des comptes.
Je vous remercie, madame la présidente, ainsi que les députés, de l'accueil que vous avez réservé à la Cour, lequel traduit la qualité des liens qui unissent nos deux institutions – vous savez à quel point j'y suis attaché. J'ai grand plaisir à retrouver votre assemblée, sous votre présidence, madame la députée du Doubs, un département auquel je suis particulièrement lié.
Le rapport public annuel 2022, que je m'apprête à vous présenter, est avant tout le fruit d'un travail collectif, accompli pendant une année charnière dans la lutte contre la pandémie du covid-19 et dans la refonte de notre modèle socio-économique. J'en profite, sans prendre part au débat qui fut le vôtre, pour rappeler, s'il en est besoin, ce qu'est la Cour des comptes, à savoir une institution de la République, collégiale, indépendante et qui produit des analyses objectives et étayées destinées à informer le citoyen ; elle ne prend pas part au débat politique, elle n'est pas plus modérée qu'elle n'est radicale, elle élabore des rapports.
Le rapport de cette année se structure autour de dix-neuf chapitres thématiques, précédés par le traditionnel chapitre introductif relatif aux finances publiques. Il ne s'agit pas seulement d'analyser nos comportements dans l'urgence, mais d'apprécier notre résilience et notre capacité à remédier aux faiblesses structurelles que la crise a révélées ou accentuées.
Rentrons, sans plus attendre, dans le vif du sujet. Je souhaite tout d'abord rappeler que pour faire face à la pandémie, l'ampleur des moyens publics déployés a été inédite – c'est ce que l'on a appelé la politique du « quoi qu'il en coûte ». Si cette action était indispensable pour préserver l'activité et pour nourrir la croissance à venir, elle pèsera durablement sur le déficit et la dette publics. Le nécessaire redressement des finances publiques – on ne s'étonnera pas que la Cour s'en soucie – passera inéluctablement, indépendamment d'une stratégie de croissance elle aussi indispensable, par des efforts de maîtrise de nos dépenses.