Nous ne sommes pas très nombreux ce soir et ce n'est guère étonnant : nous arrivons en fin de parcours, de plusieurs points de vue, en particulier pour ce qui concerne ce texte. En rappeler l'historique ne me semble pas nécessaire ; je serai donc très bref.
Je vous le dis du fond du cœur, j'ai travaillé avec passion sur ce problème qui, il y a dix-huit mois encore, était perçu comme insoluble par pratiquement tous les acteurs concernés. Je salue une nouvelle fois la détermination du ministre qui s'en est emparé avec un esprit de décision et une ouverture au dialogue qui ont rendu possible l'une des plus grandes initiatives de cette législature : le Varenne agricole de l'eau et de l'adaptation au réchauffement climatique, terreau de ce projet de loi.
Un peu plus de dix-huit mois plus tard, une perspective se dessine pour les agriculteurs quant aux moyens de faire face à l'adversité grandissante qu'ils rencontrent en raison du réchauffement climatique. Ce dernier implique en effet une adaptation, pour que demeure notre extraordinaire potentiel de production agricole, voire pour qu'il soit renforcé et attire des jeunes, le renouvellement des générations étant certainement l'un des défis les plus graves que nous ayons à affronter dans les prochaines années.
C'est donc avec beaucoup de fierté que je m'exprime devant vous aujourd'hui, car le projet de loi est le fruit d'une intelligence collective – rare en politique – et a fédéré le point de vue d'acteurs qui étaient divisés à bien des égards : au sein du monde agricole, entre territoires, entre filières, entre agriculteurs et assureurs. La commission mixte paritaire a œuvré dans le même sens, les deux chambres ayant été complémentaires et exigeantes, dans un contexte qui aurait pu nous dresser les uns contre les autres. On aboutit à un texte dont nous pouvons tous être fiers, susceptible de rassembler la nation comme peu d'autres sujets peuvent le faire.
Notre agriculture fait la fierté de notre pays et elle nous honore. Ferment d'une unité très ancienne, elle fait de nos paysages une mosaïque extraordinaire. Si l'on dit que les agriculteurs rendent la nature habitable, je considère qu'ils la rendent aimable. Il est aussi question de notre rapport au repas et à l'alimentation. On ne se nourrit pas simplement pour se nourrir : dans un pays comme le nôtre, le repas ouvre le champ des possibles, celui des réconciliations, des négociations, d'un lien qui se crée.
Je conclus cette longue séquence avec beaucoup de passion. Il nous appartient désormais de porter ce texte : nous devons évidemment voter en sa faveur, mais aussi contrôler l'action du Gouvernement et évaluer l'action publique. Il nous appartient – à chacun d'entre nous – de convaincre dans les territoires, pour que la réforme soit rapidement suivie d'effets, à partir de 2023. Ce travail reste à faire. Il sera largement relayé – par les organismes consulaires, le syndicalisme, la coopération, l'ensemble des réseaux des coopératives et des assureurs – afin que le travail que nous avons fait se matérialise concrètement, dès 2023, pour dessiner l'avenir de notre agriculture.