…les dépenses militaires ne représentaient que 2 % du budget américain contre 42 % en 1944 : vingt fois plus en quatre ans ! Le 6 janvier 1942, un mois après l'entrée en guerre des États-Unis, le président fixe des objectifs industriels : 125 000 avions, 75 000 tanks, 35 000 canons antiaériens… Lui, pour ça, ne compte pas sur la main invisible du marché ! Cet « arsenal de la démocratie », comme il le surnomme, « l'État en est l'organisateur », dit-il ; « l'État en assure le financement au moyen de l'impôt » ; « l'État oriente les productions vers les besoins prioritaires de l'armée » ; « l'État contrôle l'affectation des matières premières » ; « l'État gère les situations de pénurie ». Néanmoins – je cite toujours Roosevelt –, « cet État ne se substitue pas à l'entreprise privée. Il ne dispose pas d'un personnel compétent pour intervenir directement dans l'activité productive. »
Ainsi fut remportée la guerre et ainsi devons-nous remporter la guerre climatique : en dirigeant l'économie, c'est-à-dire en canalisant les énergies du pays, les capitaux, la main-d'œuvre, les intelligences et les savoir-faire, vers la transformation de notre agriculture, de nos transports et de nos logements.
On nous promet, selon différentes prévisions, + 2, + 3, + 5 degrés Celsius ; l'Arctique fond ; 70 % des vertébrés ont disparu en trente ans, 80 % des insectes, 30 % des oiseaux… C'est un Pearl Harbor du vivant que nous connaissons ! Un Pearl Harbor qui réclame d'urgence une mobilisation générale : voilà l'élan que l'on attend, voilà le sursaut que l'on souhaite ! À la place, face à l'immensité des dangers, vous conservez jusqu'à la dernière semaine, jusqu'à cette dernière soirée, une mentalité de rentiers.