Intervention de Elsa Faucillon

Séance en hémicycle du mercredi 23 février 2022 à 15h00
Renforcement du droit à l'avortement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Défendre les droits des femmes est une lutte quotidienne, tant ils sont trop souvent considérés comme secondaires et attaqués à chaque fois que les luttes féministes permettent d'obtenir de nouveaux acquis. Le droit à l'IVG ne déroge pas à cette règle : droit fondamental par excellence, il est le fruit d'une lutte menée par des générations de femmes et d'hommes, de féministes, de militantes politiques et associatives. Ce droit est mis en péril par le matraquage réactionnaire auquel nous assistons ces derniers temps et qu'il faut combattre.

Nous avons encore pu le constater à l'occasion des multiples tentatives de faire adopter ce texte, refusé dans un premier temps par le Gouvernement, avant que celui-ci n'émette un avis de sagesse. Je continue d'ailleurs d'interpeller ce dernier et à l'appeler à s'engager plus fortement en faveur des droits des femmes. Nous avons également observé, lors des différentes lectures de la proposition de loi, un travail transpartisan et collectif – je le dis avec beaucoup de sororité – de la part des députés sur tous les bancs. Mais nous avons aussi constaté que perduraient les propos abjects et culpabilisateurs faisant de l'avortement un acte tabou. Je veux remercier de nouveau Albane, Marie-Noëlle, ainsi que tous les collègues qui se sont mobilisés !

Nous éprouvons de la joie à voter ce texte, mais je veux rappeler combien alarmant est le constat dont il part. Il ne s'agit pas de s'autocongratuler, mais bien de saluer une victoire réelle pour les femmes. Je pense non seulement à ces 3 000 à 5 000 Françaises qui, chaque année, devaient partir à l'étranger pour avorter, mais aussi et surtout à toutes celles qui n'avaient pas les moyens de partir. En dépit des propos abjects que nous avons pu entendre, nous savons bien, en effet, que lorsqu'une femme a décidé d'avorter, elle le fait, y compris en prenant le risque de mettre en danger sa propre santé.

Ce texte permettra d'allonger de douze à quatorze semaines le délai légal sans modifier les techniques d'avortement appliquées par les médecins et les sages-femmes. Nous sauverons ainsi la vie de femmes et leur permettrons de préserver l'intégrité de leur corps.

Je rappelle à cet égard que le CCNE n'a pas opposé d'objection éthique à l'allongement du délai et que de nombreuses demandes d'IVG après le délai légal de douze semaines de grossesse concernent des femmes en situation de précarité ou victimes de violences.

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