Intervention de Thibault Bazin

Séance en hémicycle du mercredi 23 février 2022 à 15h00
Certification européenne du sel biologique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThibault Bazin :

Or les techniques d'extraction du sel gemme n'altèrent aucunement la qualité du produit. Je prendrai l'exemple du sel d'Einville-au-Jard, un petit village de mon département, la Meurthe-et-Moselle. Depuis 1871, on y applique la même méthode de fabrication artisanale et manuelle, pour un sel récolté avec ses pétales. Ce savoir-faire s'est transmis entre maîtres saliniers, selon la technique autrefois appelée « de sel de poêle ». La récolte est réalisée par deux personnes, sans matériel mécanique. Les pétales de sel ne subissent aucun lavage ni aucun traitement chimique ou adjonction d'additifs. Le sel est garanti sans OGM, sans allergène et sans ionisation. Quelques dizaines de tonnes sont ainsi produites chaque année et destinées au marché régional et national – on est loin d'une production industrielle !

Vous en conviendrez, madame la secrétaire d'État chargée de la biodiversité, cette technique remplit parfaitement les exigences du label bio. Or la proposition de résolution exclut un tel savoir-faire du champ du bio, et ce sans aucune justification rationnelle.

Il serait incompréhensible que la France défende cette proposition de résolution alors qu'elle est l'un des seuls pays européens à disposer, sur son territoire, de l'ensemble des types de production de sel. Elle se doit de défendre tant le sel gemme exploité à Varangéville, à Dombasle-sur-Meurthe et à Einville-au-Jard, en Meurthe-et-Moselle, ou à Salies-de-Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques, que le sel de mer exploité sur la façade atlantique, à Guérande, à Noirmoutier et dans l'île de Ré, mais aussi sur la façade méditerranéenne, en Camargue. Ces deux modes de production font la fierté de la France et doivent être considérés avec les mêmes égards puisqu'il existe, dans les deux cas, des indications de qualité.

Notre pays a le devoir de défendre une position équilibrée et forte, qui tienne compte de l'ensemble des producteurs de sel. Malheureusement, le texte qui nous est proposé ne respecte pas, tant s'en faut, ce principe d'équilibre, puisqu'il autorise une labellisation biologique uniquement pour le sel de mer artisanal, en se limitant aux producteurs du littoral atlantique, qui seraient seuls éligibles à la labellisation bio.

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