Intervention de Olivier Véran

Séance en hémicycle du jeudi 24 février 2022 à 9h00
Déclaration du gouvernement relative à l'évolution de la situation sanitaire

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

Je vous remercie, monsieur le président, pour cette initiative qui permettra aux parlementaires qui le souhaitent de s'exprimer sur la situation en Ukraine, qui nous préoccupe tous et qui rend d'ailleurs l'organisation de ce débat pourtant fondamental sur l'évolution de la crise sanitaire quelque peu décalée.

Je rappellerai les mots du Président de la République, qui a fermement condamné la décision de la Russie d'attaquer l'Ukraine et qui a réaffirmé notre solidarité sans faille à l'égard du peuple ukrainien. À l'heure où les images et le bruit des missiles dans le ciel ukrainien se font entendre et ressentir, le Président de la République a décidé de réunir ce matin un conseil de défense et de sécurité nationale, après s'être entretenu avec le président ukrainien aux premières heures du jour.

Les travaux parlementaires doivent néanmoins se poursuivre et je me présente devant vous aujourd'hui pour que nous revenions ensemble sur l'évolution d'une crise sanitaire qui nous mobilise toutes et tous depuis deux ans.

Au cours de ces deux années, nous avons combattu un virus qui, à ce jour, a causé la mort de 137 000 de nos concitoyens. C'est à eux que je pense avant tout, à ces vies fauchées, ainsi qu'à leurs proches, qui se trouvent dans le deuil et dans la peine.

Je pense également à nos soignants, aux hussards blancs de la République qui, dès l'apparition de la menace, ont été pleinement mobilisés, en étant sur le pont jour et nuit.

Je pense aussi à l'ensemble des agents publics qui, eux aussi, ont été mobilisés pendant toute cette période et qui n'ont pas compté leurs heures au service de l'intérêt général, que ce soit dans les directions des ministères, dans les hôpitaux, dans les agences régionales de santé (ARS), à l'assurance maladie, ou dans les services territoriaux. Il faut leur rendre hommage, car la continuité de la vie de notre nation et des services publics pendant cette crise leur doit énormément.

En tant que ministre des solidarités et de la santé, j'ai pu, à chaque instant, compter sur des hommes et des femmes d'une très grande valeur, qui ont choisi de consacrer leur vie à protéger, à accompagner et à sauver celle des autres.

Je pense également à notre jeunesse, aux enfants, aux adolescents, aux étudiants, qui ont fait preuve d'un courage admirable. Cette génération, que d'aucuns disaient nonchalante et indifférente s'est montrée solidaire, résiliente et capable de sacrifices que ni vous ni moi n'avions connus à leur âge.

Je suis heureux de pouvoir m'exprimer une nouvelle fois devant le Parlement au nom du Gouvernement, non pour tirer le rideau ni pour témoigner a posteriori, mais bel et bien pour prolonger un exercice qui a été permanent à chaque étape de la crise sanitaire, car le Parlement a lui aussi été sur le pont. Ce débat répond à un engagement que le Gouvernement avait pris devant vous en novembre dernier : il était en effet essentiel de débattre de la situation sanitaire en cette ultime journée de travaux en séance publique.

Où en sommes-nous en ce 24 février 2022 ?

Après avoir affronté une cinquième vague épidémique d'une ampleur tout à fait inédite, provoquée par la circulation à très haut niveau des variants delta et omicron, nous observons une décrue épidémique très nette, ainsi qu'une amélioration des indicateurs de notre système hospitalier.

Ces derniers mois, grâce à une campagne de vaccination massive, grâce au passe sanitaire puis au passe vaccinal, grâce à des mesures de freinage adaptées et proportionnées, les effets de la cinquième vague épidémique sur notre système de santé ont pu être contenus, sans que nous ayons à prendre des décisions plus drastiques et plus restrictives – rappelons-nous ce qui s'est passé chez certains de nos voisins européens.

Cette réponse réactive et équilibrée à l'évolution de la situation sanitaire, vous l'avez rendue possible grâce aux outils que vous avez adoptés, améliorés et enrichis au fil des discussions parlementaires que nous avons eues depuis deux ans. Grâce à ce travail, nous pouvons procéder sereinement, depuis plusieurs semaines, à la levée progressive des mesures de freinage, tout en conservant un niveau élevé de protection contre les effets du virus.

Nous avons ainsi passé des jalons importants les 2 et 16 février en assouplissant les règles applicables dans les établissements culturels et sportifs ainsi que le recours au télétravail, ou encore en rendant à nouveau possible l'accès aux discothèques. Vous le savez, compte tenu de l'amélioration de la situation sanitaire, nous avons également annoncé une évolution du protocole sanitaire pour l'ensemble de la population à compter du 28 février prochain s'agissant de la doctrine de dépistage, mais aussi du port du masque dans les lieux où le passe vaccinal s'applique. Enfin, nous avons indiqué que si cette trajectoire positive se confirmait, s'agissant en particulier des tensions hospitalières et de la circulation du virus, nous pourrions envisager une levée du passe vaccinal à la mi-mars dans tout ou partie des lieux où il s'applique, ainsi que la fin du port du masque dans les lieux fermés. C'est donc avec vigilance mais aussi optimisme que nous pouvons envisager l'évolution de la situation dans les prochaines semaines et le retour à une vie que je qualifierais de normale.

Évidemment, j'entends les polémiques, qui auront émaillé chaque étape de la gestion de crise depuis deux ans. On me dit désormais que, au fond, cela n'a rien à voir avec le virus si nous levons les dernières restrictions à la mi-mars : ce serait parce que les Français s'apprêtent à voter.

Dans ce cas, mesdames et messieurs les députés, imaginons une situation tout à fait différente. Imaginons que le nombre de contaminations soit deux fois moins important chaque semaine, que les réanimations se vident progressivement, que les services hospitaliers retrouvent un fonctionnement normal ne nécessitant plus la moindre déprogrammation ; bref, imaginons une situation que nous avons déjà connue à quatre reprises dans notre pays, à savoir la fin d'une vague épidémique et le retour à une forme de normalité. Qu'entendrions-nous alors si nous vous disions qu'en dépit de l'amélioration de la situation nous allions maintenir le port du masque et le passe vaccinal ? Vous nous diriez que nous maintenons les Français sous tension et sous pression parce qu'ils s'apprêtent à voter, que nous voulons leur faire peur.

Nous n'avons jamais échappé aux polémiques et nous n'y échapperons jamais. Que faire dans une telle situation ? Avancer, avec pour seules boussoles l'intérêt général et la raison scientifique, sanitaire et sociale.

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