Cet attrait pour la télémédecine s'est maintenu, jusqu'à en faire une pratique commune, inscrite dans le quotidien des Français et des professionnels de santé ; ainsi, le mois de janvier 2022 est celui où le nombre d'actes de télémédecine a été le plus élevé dans l'histoire de notre pays, après celui d'avril 2020. Avec « Mon espace santé », nous venons de créer un nouveau service public, qui permettra à chaque Français de mieux gérer sa santé. Les citoyens pourront stocker, récupérer et partager leurs données de santé utiles pour être mieux soignés. Je les invite, je vous invite d'ailleurs, à vous emparer de cet outil, qui deviendra demain un réflexe, comme l'est devenue la carte vitale.
Ces deux ans de crise sanitaire ont également été marqués par un moment important pour notre système de santé grâce à cinquante jours de concertations intenses : je veux bien entendu revenir sur le Ségur de la santé à l'été 2020. L'engagement du Gouvernement est majeur et sans précédent, avec près de 30 milliards d'euros pour revaloriser les salaires de ceux qui soignent, pour réinvestir dans le système de santé, pour moderniser et transformer le fonctionnement des hôpitaux et des EHPAD, et pour valoriser les collaborations territoriales entre les acteurs. Près de 10 milliards d'euros ont été consacrés à la revalorisation de la rémunération de ceux qui soignent – c'est la case en bas à droite de la feuille de paie. Près de 20 milliards d'euros iront au désendettement et à l'investissement : toutes vos circonscriptions bénéficieront de ce programme destiné au désendettement des hôpitaux et des EHPAD, qui concerne 3 000 établissements, soit cinq ou six en moyenne par circonscription : voilà qui change la donne en pratique.
La revalorisation des salaires est une fierté collective. Nous avons poursuivi ce travail au fil des mois par plusieurs extensions successives, dont la dernière étape a été annoncée vendredi dernier par le Premier ministre : 1,3 milliard d'euros de ressources supplémentaires – excusez du peu, ce chiffre aurait donné le vertige il y a quelques années ou sous une législature précédente – pour augmenter la rémunération des salariés indispensables du secteur médico-social et social, lesquels prennent soin de nous au quotidien quand nous avons besoin d'eux. Cette hausse de salaire sera de 180 euros par mois pour ces salariés, des femmes pour la plupart d'entre eux, qui attendaient cela depuis des années.
Autre caractéristique majeure du Ségur de la santé, nous avons choisi de soutenir les petits établissements et ceux qui sont éloignés des grands centres urbains, là où les grands plans de revalorisation salariale et d'investissement ne touchaient d'habitude que les CHU – centres hospitaliers universitaires – et les très gros hôpitaux régionaux : 75 % des investissements du Ségur concernent des établissements de petite ou de moyenne taille. C'est cet échelon de proximité que nous réinvestissons, afin de revitaliser les territoires, y stabiliser les professionnels de santé et en attirer de nouveaux.
Reste notre capacité à anticiper et à réagir aux futures crises qui pourraient survenir. Je vous donne peut-être le sentiment, depuis le début de mon intervention, de parler de la crise au passé, mais, vous le savez comme moi, personne, aucun scientifique de la planète, ne peut vous dire les yeux dans les yeux, sans prendre un risque monumental de se tromper, que la crise est terminée ou qu'elle est au contraire amenée à continuer. Nous n'en savons rien ; nous savons simplement, parce que nous avons payé pour le savoir à l'échelle de la planète, qu'un variant peut germer à tout moment dans un pays de l'hémisphère sud ou de l'hémisphère nord, lequel, issu d'une souche virale connue – delta, omicron, alpha, que sais-je ? – pourrait provoquer une nouvelle vague épidémique. Mais cela n'est pas obligatoire, il y a bien un moment où le virus ne fera plus parler de lui. Peut-être le virus sera-t-il saisonnier – ce que l'on appelle, dans le jargon, les voies de garage des coronavirus saisonniers –, peut-être disparaîtra-t-il. En tout état de cause, nous ne devons pas nous désarmer ; nous devons conserver l'ensemble de l'appareil d'État mobilisé pour faire face à toute situation et à toute éventualité.
Cette démarche n'est pas que française, elle est également mondiale et européenne. Dans le cadre de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, nous avons réuni il y a quinze jours, à Lyon puis à Grenoble, les vingt-sept ministres de la santé. Nous avons abordé cette question, et la totalité de mes collègues sont dans le même état d'esprit que nous : ils sont rassurés sur la vague du variant omicron – même si le pic n'a été atteint qu'il y a quelques jours dans certains pays –, mais chacun d'entre nous a affirmé sa volonté de maintenir la plus grande vigilance et de refuser de relâcher trop tôt la pression sur le virus. La partie n'est pas encore gagnée, mais nous avons des raisons d'espérer que la situation sera meilleure dans les prochaines semaines et les prochains mois.
Mesdames et messieurs les députés, avec cette intervention, je ne tire pas le rideau sur l'épidémie, et pour cause, celle-ci n'est pas terminée et n'est pas derrière nous ; le temps n'est pas encore venu d'en confier l'analyse aux historiens. Si les chiffres sont rassurants et que la cinquième vague semble incontestablement retomber, nous devons rester vigilants et ne pas lever les bras trop tôt avant la ligne d'arrivée. Nous entrons lentement mais sûrement dans une phase de transition que l'on peut qualifier, pour ceux à qui ces mots parlent, d'« endémo-épidémique ». Nous sommes optimistes et confiants mais personne ne peut savoir avec certitude ce que les prochains mois nous réservent. Notre stratégie « tester, alerter, protéger » ne sera donc pas caduque, et si certaines mesures de protection sont assouplies, nous n'en resterons pas moins collectivement prudents et attentifs aux gestes et aux réflexes qui nous ont permis et qui permettent encore d'éviter une circulation trop active du virus.
En parlant des trains qui sont arrivés à l'heure, en parlant de ce qui a fonctionné, j'ai tenu ici à rendre justice à toutes celles et à tous ceux qui ne se sont pas contentés de commenter mais qui ont contribué activement à résoudre cette crise. Dans les hôpitaux, dans les écoles, dans les villes et dans les villages de notre pays, partout et évidemment sur ces bancs, je sais que les bonnes volontés n'ont jamais manqué. Ce sont les épreuves qui font la grandeur d'une nation, qui révèlent ses failles mais aussi ses forces et qui exigent de chacun de choisir entre la responsabilité et l'inconséquence, la solidarité et la division, l'action et l'abstention. Mesdames et messieurs les députés, ensemble, nous avons été responsables ; ensemble, nous avons été solidaires ; ensemble, nous avons agi. De cela, nous pouvons collectivement être fiers.