Vous devez comprendre mon émotion, moi qui habite les régions concernées. Cette nuit, j'ai reçu quelques coups de fil de ma fille – dont j'aime dire qu'elle est bicitoyenne, plutôt que binationale. J'ai été en contact avec l'école française d'Odessa, comme avec certains parlementaires, bien entendu. Je m'exprime également en tant que membre de la commission des affaires étrangères et rapporteur pour avis du budget pour le programme Diplomatie culturelle et d'influence. Parfois, celle-ci prend la forme d'une guerre culturelle.
Lundi, le président Poutine a donné un ordre flou qui permet, dans le droit russe, le franchissement de facto du front. Mais prétendre maintenir la paix dans un territoire divisé par une ligne de front faisant l'objet d'un traité international, cela veut dire envahir.
Surtout, son discours est une déclaration de guerre culturelle. C'est l'anti-Europe, c'est un retour au Moyen Âge, à l'époque stalinienne. « Nous sommes tous russes ; cette terre est russe ; j'en suis donc le patron » : un tel discours annonce le contraire de l'Europe, où nous parlons vingt-quatre langues, où nous acceptons de ne pas être d'accord et de travailler ensemble, même quand on est des ennemis héréditaires.