Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du jeudi 24 février 2022 à 9h00
Déclaration du gouvernement relative à l'évolution de la situation sanitaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Je m'adresse aussi à celles et ceux qui chaque jour, avec courage, ont affronté le virus au plus près ; celles et ceux dont le métier est de prendre soin, d'une manière ou d'une autre, en particulier dans les hôpitaux et les EHPAD. Ils donnent foi en l'humanité.

Cette épreuve qui a occupé tant d'espace ne se résume pas à une crise sanitaire – laquelle est sans doute, elle-même, le produit d'une crise écologique. Le virus a agi comme un amplificateur de toutes les difficultés ; il a affecté toutes les dimensions de nos vies. Pendant deux ans, nous avons vécu des relations tronquées, avec des corps empêchés, des visages masqués, sans cette tendresse du quotidien par laquelle on se sent exister, ces poignées de main, ces embrassades. Nos relations ne se réduisent évidemment pas à cela, mais silencieusement, c'est aussi là que beaucoup d'entre nous en ressentent le manque – et cela alimente parfois la rugosité des relations sociales. La culture a été atrophiée, et avec elle les rencontres, les vibrations, les interrogations, les émotions, les passions et cette fonction si singulière qui nous fait humains, le rapport à l'acte de création qui invente le monde, ou en tout cas qui s'y efforce.

Que dire, par ailleurs, de la crise sociale qui était déjà présente, des inégalités qui se sont encore creusées, de l'injustice faite aux femmes, des métiers si cruciaux et si mal reconnus ? Il a fallu soutenir notre économie, et l'activité partielle fut une décision indispensable. Cependant, nous avons vécu deux ans le nez sur le pare-brise, en mal de nous projeter. Cette épreuve nous a confrontés à la crise de sens que traverse notre société, où tout est trop marchandise, trop performance, trop loi du plus fort, trop loi de l'argent, trop fuite en avant. Ce devrait être l'occasion de nous reconnecter à l'essentiel, d'engager des changements, de bifurquer, de choisir plutôt que subir la marche du monde et ses aléas. Le « monde d'après » dont nous avons pu rêver adviendra peut-être, mais votre majorité n'en a pas pris la direction. Vous avez fait un peu de cabotage le long des côtes devant le gros temps, mais, dans la gestion même de la crise, vous avez maintenu le cap fixé depuis 2017.

Auriez-vous pu faire autrement ? Nous le pensons. Personne ne prétend que c'était facile, et vous avez pris des décisions nécessaires – nous sommes conscients de la difficulté de la tâche, monsieur le ministre.

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