Intervention de Josiane Corneloup

Séance en hémicycle du jeudi 24 février 2022 à 9h00
Déclaration du gouvernement relative à l'évolution de la situation sanitaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJosiane Corneloup :

Mois après mois, nous subissons une forme de banalisation de l'état d'urgence et de la sortie de ce régime. Le temps défile et l'état d'urgence est toujours en vigueur.

Nous avons constaté à l'occasion de la crise que nos hôpitaux sont dans une situation de tension extrême, en sous-effectifs, avec des personnels épuisés qui n'ont eu de cesse de se réorganiser pour pallier le manque de moyens et la fermeture de nombreux lits, qui s'est poursuivie tout au long de l'épidémie – 7 000 au cours de ces deux ans et demi.

Si la fixation des orientations stratégiques en santé doit être laissée à l'État pour assurer à tous les Français, où qu'ils soient, la même qualité de prise en charge, il faut inverser la logique de fonctionnement du système, partir des besoins de la population et faire confiance aux collectivités territoriales, qui ont la vision du terrain. Nous devons créer un nouveau partenariat équilibré entre l'État, les collectivités territoriales et les communautés professionnelles territoriales de santé autour d'un projet de santé collectif. C'est aussi valable à l'intérieur des hôpitaux, où il faut réduire le poids des services administratifs – qui représentent plus de 34 % des personnels hospitaliers – et rendre l'autonomie aux médecins – ce qu'a d'ailleurs permis de faire pendant un temps la crise du covid-19, dont l'urgence a réduit comme par magie les procédures.

In fine, ce sont les collectivités locales qui ont pallié les failles de l'État, tandis que la technostructure s'est imposée comme décideur unique, en se fondant sur le seul avis d'un Conseil scientifique souvent éloigné du personnel soignant. Fréquemment qualifiés d'acteurs en première ligne dans la gestion de la crise sanitaire, les maires dressent un constat négatif de leurs relations avec l'État et de l'organisation centralisée. Les sources de mécontentement ont été nombreuses et variables d'un élu à l'autre, mais un motif d'insatisfaction est largement partagé : les multiples ordres et contrordres de la part de l'État et le manque de cohérence.

Malgré une gestion hypercentralisée de la politique de santé, il n'y a plus de vision stratégique globale depuis de nombreuses années, mais seulement une vision comptable de la santé, considérée davantage comme un coût que comme un investissement économiquement et socialement rentable – d'où le désengagement progressif de pans entiers d'investissements qui se sont révélés cruciaux au cours de cette crise, notamment les masques, les respirateurs et les tests. Je salue les investissements réalisés dans le cadre du Ségur de la santé : il est temps de réinvestir dans la santé publique en France. En somme, l'État est trop lourd là où il devrait être souple et trop faible là où il devrait être fort.

La crise sanitaire a révélé un manque de coordination européenne. Ce n'est que le 13 octobre 2020, soit plus de six mois après les premiers cas de coronavirus en Europe, que le Conseil de l'Union européenne a adopté une recommandation relative à une approche coordonnée de la restriction de la libre circulation en réaction à la pandémie de covid-19. Si l'achat groupé de vaccins a été une bonne idée, la négociation n'a pas été bien conduite et les dysfonctionnements se sont accumulés : lenteur dans les négociations, notamment en raison des discussions sur le prix des vaccins, retards de commandes et de livraisons.

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