Intervention de Maxime Minot

Séance en hémicycle du jeudi 24 février 2022 à 15h00
Démocratiser le sport en france — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaxime Minot :

Ce décalage, insupportable car incompréhensible, attise plus que jamais la défiance des Français à l'égard des politiques.

Votre seule constance est votre incohérence : démocratiser le sport – comme l'indique le titre du texte –, mais refuser de réaffirmer le principe de laïcité ; démocratiser le sport, mais pactiser avec le communautarisme ; démocratiser le sport, mais soutenir une égalité entre les hommes et les femmes qui comporte des exceptions ; démocratiser le sport, mais dénigrer la souveraineté du vote ; démocratiser le sport, mais sans prévoir aucun moyen supplémentaire pour sa pratique dans les territoires.

Ce n'est pas faute de vous avoir tendu la main, avec nos collègues du Sénat, pour donner du souffle à cette coquille vide que vous êtes si fiers de nous présenter, chers collègues de la majorité, et qui, je vous le dis en toute franchise, ne restera vraiment pas dans les annales de cette assemblée. Ainsi, la prise en compte du coût d'un accès indépendant à des équipements sportifs dans une école, la pratique quotidienne d'une activité physique en primaire, le renforcement du sport adapté, l'inscription de l'aisance aquatique dans les programmes, l'octroi d'un rôle accru au comité d'éthique de chaque fédération pour prévenir les conflits d'intérêts, l'extension de trois ans à cinq ans du premier contrat sportif professionnel, la reconversion des sportifs professionnels et la charte nationale du bénévolat figuraient parmi les apports du Sénat que vous avez rejetés avec ce mépris si coutumier d'une majorité dont la seule boussole est le sens du vent !

Mais l'essentiel, c'est votre refus d'inscrire dans la loi l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires lors des manifestations sportives organisées par les fédérations. Demain, qui sera responsable de la pression que celles-ci devront subir pour autoriser le port du voile ? Vous. Demain, qui aura la responsabilité d'avoir dévoyé non seulement nos principes républicains mais l'esprit même des valeurs sportives et de la charte olympique ? Encore vous. Demain, qui aura la responsabilité d'avoir refusé de combattre la radicalisation dans le sport ? Toujours vous.

Est-ce là l'héritage que vous souhaitez laisser ? Est-ce sur une telle faute politique et morale que vous souhaitez achever les travaux de cette législature ? Hors-sol, coupés de toute réalité, vous vous donnez bonne conscience en abordant le problème de la radicalisation par le petit bout de la lorgnette ; mais ceux que nous devons combattre, eux, ne font pas cette erreur : ils utilisent tous les moyens et tous les espaces à leur disposition pour changer ce que nous sommes. Ils n'ont que faire de vos excuses, de votre bien-pensance et de vos lâchetés ! Rappeler le devoir de chacun à la neutralité religieuse, y compris dans le sport, ce n'est pas refuser la différence, bien au contraire : c'est permettre à chacun de s'épanouir dans le respect de l'autre.

La France n'est pas une somme d'individualités ni une compilation de communautés : elle est une. Nous sommes une nation, un ensemble qui partage un passé et un destin. Voilà, entre nous, une différence fondamentale que les Français doivent connaître. Comptez sur nous pour la leur rappeler.

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