Je commencerai en exprimant évidemment toute ma solidarité avec l'Ukraine et avec les Ukrainiens dans ce moment si grave, alors que nous entamons l'examen définitif d'un texte qui nous rappelle que la paix et la fraternité se construisent dès l'école. Et ce qui est vrai pour la France l'est bien sûr, en l'occurrence, pour le monde entier, pour le genre humain, dans une période où l'enjeu de l'école est plus important que jamais.
Je suis heureux, une dernière fois avant la fin de cette session parlementaire, de m'exprimer devant vous, sur un sujet qui nous rappelle le travail et l'engagement des députés sur les questions d'éducation tout au long de cette législature.
Cette proposition de loi témoigne à nouveau de l'attachement des représentants de la nation à notre école, aux valeurs qu'elle véhicule, en particulier celle de fraternité, dont le harcèlement est l'antithèse. Je remercie plus particulièrement le député Erwan Balanant pour son engagement de longue date sur ce sujet, notamment avec le rapport qu'il a écrit sur la question. Sa proposition de loi est à l'image du travail conjoint du Parlement et du Gouvernement sur de nombreux sujets.
Pendant cinq ans, j'ai fait de la lutte contre le harcèlement en milieu scolaire l'une de mes grandes priorités. Si les actions menées depuis 2017 ont permis de contenir le harcèlement physique entre élèves, la progression rapide et exponentielle du cyberharcèlement nous appelle toutefois à redoubler d'efforts et de vigilance. La lutte contre le harcèlement est un enjeu de société, qui dépasse largement le cadre scolaire. Je me félicite que, par le biais de cette proposition de loi, les représentants de la nation aient décidé de s'en saisir à leur tour.
Non, nous ne nous habituerons jamais à ce que de jeunes vies soient brisées par ce fléau. Oui, nous devons lutter sans relâche et avec la dernière énergie pour éradiquer ce phénomène, partout où il se trouve. Comme je l'ai souvent dit, il ne s'agit pas d'être dans une logique seulement défensive, de lutter contre le harcèlement, mais d'être aussi dans une logique offensive et de lutter pour un bon climat scolaire.
Fixons-nous ensemble – et un pas de plus sera fait avec ce texte – un objectif de zéro harcèlement à l'école. C'est possible : certains établissements, certains professeurs y arrivent dans certains lieux de France, voire à l'échelle de certains pays. Cette proposition de loi constitue un pas de plus dans le sens de cet idéal qui n'est pas une utopie mais une possibilité.
Du plan de lutte contre le harcèlement à l'école, en 2018, à la généralisation du programme du même nom, dit PHARE, en 2022, nous n'avons pas attendu pour prendre ce phénomène à bras-le-corps. Dès 2018, nous avons engagé un plan volontariste et ambitieux pour combattre le harcèlement à l'école autour de trois grands axes : prévenir, intervenir, former.
Le meilleur moyen d'endiguer le phénomène, c'est la prévention. C'est pourquoi nous avons pris un certain nombre de mesures : interdiction du téléphone portable au collège, dialogue avec les plateformes de réseaux sociaux, lancement de cinq campagnes de prévention, dont je rappelle les thèmes : revenge porn, rôle des témoins, dynamiques de groupe, premier degré, cyberharcèlement. J'ai mené ces campagnes avec Brigitte Macron, avec qui nous sommes allés très souvent dans les établissements pour en parler.
Il faut aussi veiller à ce qu'aucun élève, aucun parent, aucun enseignant ne soit laissé seul pour faire face à ce genre de situation. C'est pourquoi nous avons créé des équipes mobiles qui interviennent dans les établissements, comme nous l'avons fait pour les valeurs républicaines, sur quatre sujets parmi lesquels la lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement. Grâce au « carré régalien » – comme nous l'appelons désormais –, placé auprès de chaque recteur, les établissements ont des équipes d'intervention à leur service.
Je le redis, mais il faut le dire et le répéter sans cesse pour que cela soit encore mieux connu et plus utilisé, deux numéros d'écoute existent désormais, le 3020 et le 3018, et une application a été lancée il y a quinze jours, permettant, pour le 3018, des échanges par courriel, chat ou WhatsApp, de façon à permettre des signalements et réactions immédiats en cas de cyberharcèlement.
Il paraît enfin nécessaire d'avoir un réseau d'acteurs dont la prise en charge du harcèlement est le métier. C'est pourquoi nous avons travaillé à améliorer la prise en charge des situations de harcèlement en renforçant la formation initiale et continue des professeurs – chose désormais systématique – et en développant le dispositif des « élèves ambassadeurs », lequel permet la sensibilisation entre pairs, mais aussi en publiant des ressources et des guides à destination des personnels, des élèves et de leurs familles. Le carré régalien complète ce dispositif depuis la rentrée 2021.
Nous avons avec le programme PHARE, depuis cette rentrée 2021, après une expérimentation et avant une généralisation à tous les collèges et écoles à partir de la rentrée 2022, quelque chose de très fort. Dans chaque école ou établissement, il y aura désormais un référent harcèlement, des personnels formés à la détection et au traitement de chaque situation, et des élèves ambassadeurs. Les familles sont associées à cet effort collectif et ce point est fondamental. On peut être parent d'enfant harcelé mais aussi parent d'enfant harceleur, ne l'oublions pas.