Il ne doit pas y avoir d'angle mort dans notre approche. C'est une dimension à laquelle je suis très attaché et qui rejoint ce que j'avais mis en place autrefois avec la Mallette des parents car, dans ce domaine en particulier, une meilleure implication des familles est décisive.
Il y a donc une méthode qui s'applique établissement par établissement, avec des équipes formées à cet effet et un traitement de l'ensemble des situations : le dispositif est massif. L'objectif est simple : pas un seul cas de harcèlement ne doit rester sans réponse.
Nous devons sortir d'une logique exclusivement défensive pour passer à l'offensive. Avec le Conseil d'évaluation de l'école, nous sommes désormais en mesure d'évaluer le climat scolaire dans chaque établissement, afin de disposer d'un état des lieux et, le cas échéant, de prendre les mesures adéquates.
Il nous faut également chercher à promouvoir l'engagement des élèves, leur sens de l'intérêt général, du civisme et de l'empathie, ces compétences qu'on appelle douces et qui sont si essentielles. C'est ce que nous faisons à travers notre travail sur les compétences psychosociales en maternelle. Ce que j'appelle le « respecter autrui », en plus de lire, écrire, compter, englobe la lutte contre le harcèlement. Nous l'élevons au rang de savoir fondamental, de compétence fondamentale de l'école primaire et de la suite du parcours scolaire. Il s'agit de renforcer l'enseignement moral et civique de chaque élève ainsi que l'éducation aux médias et à l'information.
C'est ce que nous faisons aussi à travers le prix « Non au harcèlement », que nous avons étoffé avec un prix spécifique au cyberharcèlement et un autre pour l'école élémentaire, qui donnent lieu chaque année à des travaux remarquables dans les classes. Je vous invite à aller voir la dernière vidéo réalisée dans ce contexte par des élèves français : elle a fait le tour du monde, avec 48 millions de vues.
Enfin et surtout, nous avons cherché durant tout ce quinquennat à promouvoir l'engagement des jeunes sous toutes ses formes. Encore une fois, et c'est ce que j'entends quand je dis que nous devons être à l'offensive et non sur la défensive, c'est en créant un bon climat scolaire, en plaçant le principe de fraternité au cœur de la vie de tous les jours que nous pourrons lutter au mieux.
Je pense bien sûr, à cet égard, aux ambassadeurs « Non au harcèlement », dont la création nous apparaissait, en 2017, comme la première mesure efficace. Aujourd'hui, ils sont 23 000. En 2017, il n'y avait pas non plus d'écodélégués ; en 2022, ils sont 250 000. Eux aussi contribuent au bon climat scolaire. En 2017, il n'y avait pas de jeunes engagés dans le service national universel (SNU) ; en 2022, ils seront 50 000. Ce sont eux aussi de véritables ambassadeurs.
N'oublions pas non plus les services civiques, qui sont mobilisés sur ce sujet. En 2017, il y avait 123 000 volontaires ; en 2022, ils seront 200 000. Et parce que l'engagement de ces jeunes doit servir d'exemple, j'ai souhaité que de jeunes services civiques puissent être mobilisés pour participer à la mise en œuvre du programme PHARE dans les écoles et les établissements.
Le texte qu'il vous est proposé d'adopter définitivement s'inscrit dans cette dynamique. Il apporte une nouvelle pierre à l'édifice en élargissant la base légale du harcèlement scolaire et en créant un délit spécifique de harcèlement à l'école.
Sur plusieurs autres points, il complète et fortifie l'action engagée, à travers le programme PHARE notamment : je pense en particulier au rôle des associations, dont certaines ont participé activement à l'élaboration de ce dispositif partenarial, qui sera renforcé par la loi. Cette proposition de loi permet, comme je l'ai dit, d'envoyer un message à la nation tout entière : non, le harcèlement n'a pas sa place dans nos établissements.
Durant ces cinq ans, nous avons beaucoup fait pour l'égalité : classes dédoublées, école à trois ans ou dispositifs tels que Devoirs faits et Vacances apprenantes, avec les cités éducatives, les internats d'excellence et les petits-déjeuners gratuits. Nous avons beaucoup fait aussi pour la liberté : personnalisation des parcours à travers la réforme des lycées, qui offre plus de choix, refonte de l'orientation pour ouvrir le champ des possibles, autonomie accrue des établissements, avec le plan Marseille ou la création d'une fonction de directeur d'école, et bien d'autres choses encore.
L'examen de cette proposition de loi visant à combattre le harcèlement scolaire nous donne l'occasion de conclure ce quinquennat, sur le plan législatif, en faisant tout pour cet autre grand principe fondamental, cher à notre école, cher à notre République, qui est au cœur de l'humanisme et sans lequel la liberté et l'égalité ne peuvent être entières : je veux parler, vous l'aurez compris, de la fraternité.