Intervention de Maxime Minot

Séance en hémicycle du jeudi 24 février 2022 à 15h00
Combattre le harcèlement scolaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaxime Minot :

…il conduit nécessairement à alimenter la défiance de nos compatriotes à l'égard d'une institution judiciaire qu'ils trouvent dès lors trop laxiste et coupée des réalités.

Finalement, que reste-t-il des propositions du Sénat ? Trop peu de choses en vérité, notamment en ce qui concerne le recours à l'instruction en famille pour l'élève harcelé, l'assouplissement de la carte scolaire, qui est d'actualité, et le sujet du cyberharcèlement. En effet, ce dernier se diffuse chaque année plus tôt dans l'enseignement primaire, au gré de l'abaissement progressif de l'âge auquel les élèves acquièrent leur premier smartphone et s'inscrivent sur les réseaux sociaux. Dans un texte qui se veut pédagogique, ne pas faire référence au cyberharcèlement est au mieux paradoxal, au pire inconscient.

J'ajoute que l'unique phrase consacrée au cyberharcèlement dans le texte limite sa prévention à une information annuelle des élèves et des parents, comme si ce phénomène relevait uniquement de la sphère privée et ne concernait pas l'institution scolaire.

De même, si le lancement d'une application dédiée à la lutte contre le cyberharcèlement au moment même où la proposition de loi était examinée au Parlement pouvait être considéré comme une avancée, il n'exonérait pas le texte d'un approfondissement du sujet.

Le manque d'ouverture de la majorité sur la question du cyberharcèlement, alors que la mission d'information du Sénat a formulé des propositions sérieuses, est navrant et révélateur de son manque d'humilité. Nous constatons une nouvelle fois, sans surprise, son absence de volonté de consensus et le peu de cas qu'elle fait des oppositions. Nous saurons nous en souvenir !

En dépit de nos différends, nous devons toutefois aux vingt-deux enfants décédés en 2021 des suites d'actes de harcèlement et, plus généralement, à toutes les victimes, à leurs parents et aux associations qui les soutiennent, d'agir, et d'agir non pas selon une obligation de moyens, mais selon une obligation de résultat.

Le groupe Les Républicains votera donc en faveur de ce texte, mais il restera vigilant quant à sa mise en œuvre et à son évaluation. Malgré les réserves que j'ai exprimées, je suis heureux que l'une de mes dernières interventions de cette législature concerne l'école de la République, qui doit, plus que jamais, retrouver toute sa place.

L'école n'est pas un lieu d'éducation, car l'éducation relève d'abord des parents, mais un lieu d'apprentissage : apprentissage de notre magnifique langue, tout d'abord – loin du pronom « iel » et autres absurdités –, et de notre histoire, ensuite, qui soulève parfois des questions, mais qui doit nous rendre fiers de notre capacité à vivre ensemble, surtout en ces temps troublés. L'école est une promesse : celle que chacun trouvera sa place dans la société grâce aux valeurs qui nous rassemblent, la liberté, l'égalité et la fraternité.

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